nt bien heureux.
Ils devoraient les tartines que Marie leur distribuait, et allaient tous
en offrir un morceau a leur bonne vieille maman.
--Ne sois pas triste, grand'mere, nous n'avons plus faim! criaient-ils
tous ensemble, sans toutefois perdre l'occasion d'enlever d'enormes
bouchees a leurs gateaux ebreches.
J'aurais voulu passer la journee a les regarder faire. Maman interrompit
ma contemplation en me prenant par la main pour me conduire vers la
vieille femme assise pres de l'atre sombre. Elle m'approcha tout pres de
celle-ci et dit en lui touchant l'epaule:
--Benissez-la! C'est elle qui m'a amenee ici.
L'aveugle se leva toute chancelante, et, posant sur ma tete ses mains
qui tremblaient, elle prononca lentement ces mots:
--Ange du bon Dieu, soyez benie!..
Petite mere lui aida a se rasseoir et m'entraina hors de la maison.
Les dernieres paroles que j'entendis avant que la porte se refermat sur
nous furent celles-ci:
--Que le bon Dieu vous benisse! Ainsi-soit-il!
LE JOUR DE L'AN
_ Pour les sept petites filles de Monsieur L. O. David, depute._
Assurement tous les petits enfants connaissent cette fete!
Elle est belle, elle est radieuse pour le plus grand nombre. Elle ramene
l'excellent vieux _Santa Claus_ avec des tresors fabuleux entasses dans
ses poches immenses et inepuisable.
Quelques-uns, helas! ne connaissent de ce jour que les privations, plus
cruelles par leur contraste avec la joie de tout le monde.
Ces malheureux petits pauvres que _Santa Claus_ ne connait pas, qui
ne trouvent jamais, jamais rien dans leur soulier, c'est aux enfants
heureux de les consoler, de se constituer leur Providence visible.
Le Petit-Jesus, lui qui n'oublie personne, voit leurs larmes. Il les
recueille toutes; il les change en des perles magnifiques dont il forme
des couronnes plus belles que celles des anges car les anges qui ne
pleurent jamais n'ont pas de perles a leurs couronnes. Puis, quand ses
amis dorment, il les vient chercher et les amene avec lui au ciel, pour
leur montrer ces precieux joyaux et les ailes faites de la gaze des plus
blancs nuages, qu'il garde pour eux.
Parmi les petites filles qui attendaient avec anxiete la joyeuse fete de
l'enfance, il en etait sept qui, fort probablement, auraient ete forcees
de renoncer aux etincelantes couronnes du Petit-Jesus, lesquelles ne se
gagnent absolument qu'au prix des soupirs et des peines, n'eussent ete
les pleurs que leur faisait ve
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