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mugi.
Le matin du quatrieme jour les arbres, courbes par la tourmente
redressaient leurs panaches ruisselants. Le soleil revenait secher les
pleurs de la nature qui souriait a travers ses larmes en revoyant son
radieux epoux...
La pauvre serine epuisee, affaissee sur une branche, buvait
languissamment des gouttes de pluie qui tremblaient sur une feuille de
peuplier...
Soudain, elle se redresse et bondit. Elle a entendu... Oui, ce ne peut.
etre que lui!... Un petit cri bien faible, presque imperceptible;
mais pourquoi son coeur s'est-il arrete a cette voix, pourquoi bat-il
maintenant a se briser! Elle attend inquiete, le cou tendu, le regard
intense, plein d'anxiete et d'espoir. Le cri se repete, doux, navrant,
prolonge.
Rapide comme l'eclair, la serine franchit l'espace qui la separe de
son bien-aime--oh bonheur! il etait la, elle le retrouvait! Mais non.
L'esperance un moment ravivee allait s'eteindre a jamais. Helas! le
roi du vieux chene est blesse. Son aile rompue palpite de douleur. Une
fievre brulante l'agite et le consume. Il souffre. Il se meurt. Ah!
pourtant il ne peut perir, puisque le devouement et l'amour subsistent
encore pour lui en un coeur feminin!
La jolie serine se fait soeur de charite. Multipliant les soins au
bien-aime malade, elle vole au torrent, en rapporte dans son bec trois
gouttes fraiches pour les couler sur la blessure. Elle remet doucement
le membre casse dans sa position normale, lisse de son aile de velours
les plumes herissees autour de la plaie, verse dans la gorge alteree du
cher blesse une eau rafraichissante. Elle voltige, sautille sur le gazon
d'une facon embesognee, va et vient, s'oubliant elle-meme, s'epuisant
pour faire revivre ses amours.
A la fin l'heroisme eut sa recompense.
Par la plus belle et la plus radieuse des matinees, le couple mille fois
heureux revint au pays. Le fiance etait si rayonnant qu'on ne s'apercut
pas qu'il boitait un peu.
Il y eut noce complete au vieux chene. De la base a la cime il retentit
tout le jour de chants d'allegresse.
Le beau serin resta le roi.
L'annee suivante, en cedant le sceptre a son heritier, il lui donna ce
sage conseil... Au fait, que croyez-vous qu'il lui dit? De toujours
rester au nid natal, prudemment abrite sous l'aile maternelle?.. Oh non!
--Mon fils, lui dit-il, quand la mousse du nid, quand la tendresse de
ta mere ne suffiront plus aux aspirations de ton coeur trouble, va, mon
enfant, au sein de
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