les pauvres. Il y
avait depose le rare bien, l'unique tresor en cette vallee de larmes.
LE JOUR DE L'AN AU CIEL
_A mes trois petites amies,
Heva, Constance et
Marie-Paule,_
Au ciel il ne fait ni jour ni nuit. Dans cet heureux sejour luit
constamment une splendide lumiere, faite de toutes les aurores que le
bon Dieu garde en reserve pour nous les dispenser une a une, de tous
les rayons que nous verse journellement sa munificence sans jamais en
epuiser le tresor, et de tous les astres eblouissants qui lui restent a
semer encore dans les espaces azures.
A la verite, tout cela serait bien insuffisant pour eclairer l'immensite
du celeste royaume, si la toute-puissance du Createur lui-meme ne
l'illuminait d'un divin et suave reflet devant lequel le soleil palit.
C'est bien beau le paradis!... C'est si beau, si beau, que les hommes
n'osent pas essayer de le decrire!
Pourtant, a certains moments, parait-il, le ciel retentit d'harmonies
inaccoutumees, et semble encore, si c'est possible, rayonner de clartes
plus magnifiques. Le jour de Noel, par exemple, c'est grand gala,
assure-t-on.
Je vais vous dire ce qui m'est arrive, a travers les nuages des
enivrants echos de ces fetes.
Les lyres d'or des seraphins vibraient encore des accents du beau
concert de Noel.
Deja les elus les plus anciens--semblables aux bons vieux serviteurs qui
ne s'attardent jamais dans l'accomplissement d'un devoir--se relevant de
leur longue adoration aux pieds de l'Enfant-Jesus, dont c'etait la fete
speciale, songeaient a retourner a leurs postes respectifs.
Saint Pierre regagnait sa loge de concierge d'un pas alerte. (On sait
qu'au ciel, le grand age n'est pas un fardeau.)
Sainte Cecile, qui s'etait particulierement surpassee par des elans
d'extatique inspiration, remettait sa harpe dans son riche etui.
Les petits anges folatres, reprenant leurs jeux, se poursuivaient en
agitant leurs ailes blanches, jusqu'aupres de de la belle Vierge qui
souriait a leurs ebats, et sous la surveillance du grand maitre des
angeliques legions, sain Michel.
Le vainqueur de Satan conservait l'allure formidable qui convient a
un heros guerrier. Il n'effrayait pas cependant, avec son grand
glaive--celui precisement qui lui servit dans son fameux combat avec
Lucifer--les petits soldats de son armee; quelques-uns d'entre eux
se refugiaient jusque dans les plis de ses ailes pour echapper aux
espiegles assauts de leurs freres.
--Ah! m
|