etait incruste en
lettres formees de l'or des astres, le beau, le grand mot--DELIVRANCE.
--Va! lui avait dit le Dieu genereux et tendre, va briser les liens qui
retiennent sur la terre cette chere ame martyre!
A cette injonction, le messager obeissant se leva et partit.
Il n'objecta pas qu'il faisait bien noir la-bas, et que le lieu ou
gisait la pauvresse lui etait inconnu.
--La Providence pourvoit et veille a tout!
Telle etait sa pensee.
Il deploya ses grandes ailes plus lisses et plus blanches que celles
des cygnes, et descendit a travers les couches bleu sombre des espaces,
effleurant les mondes sans s'y arreter, et laissant apres lui dans les
ombres du firmament une longue trainee lumineuse.
Les savants terrestres dirent:
--C'est un admirable meteore!
L'ange de Dieu, lui, qui soutenait la petite agonisante, souffla a son
oreille:
--Courage! voici la delivrance!
Quand l'envoye de l'infinie misericorde fut arrive dans la grande ville
obscure et silencieuse, un phare, epanchant une douce lueur, semblable
aux rayons caressants de la lune, parut au ciel et lui montra sur le sol
dur et glace, la belle enfant a genoux, suppliante, les mains elevees en
une muette priere....
Il enleva son ame et remonta avec elle au Paradis.
La, elle recut la belle couronne des elus et la glorieuse palme du
martyre!
La, elle oublia toutes ses souffrances aux pieds de Dieu, aupres de la
tendre Vierge et de sa mere, qu'elle retrouvait la-haut!
Elle fut tout de suite amie avec les petits anges qui, pour jouir de son
naif ravissement, se plaisaient a lui montrer toutes les splendeurs du
ciel.
Quand elle alla baiser les pieds du Petit-Jesus, le divin Enfant lui
demanda avec un doux sourire:
--Regrettes-tu ton jour de l'an de la terre, ma petite amie?
Des larmes de bonheur et de reconnaissance repondirent pour elle.
Le lendemain, les passants trouverent sur le pave un petit cadavre froid
et rigide.
--Pauvre, pauvre enfant! murmuraient-ils dans leur pitie.
Mais elle, au sein de la felicite et de l'extase des cieux, disait
aussi:
--Pauvres, pauvres mortels!
HISTOIRE DE DEUX SERINS
_ Petite fable_
Le soleil avait souri, a travers les branches denudees, d'un sourire
plein de promesses; les bourgeons avaient perce la dure ecorce, les
corolles s'entr'ouvraient fraiches et rieuses, et les arbres, jasant
avec la brise, balancaient leurs domes verdoyants au-dessus des sources
grondeuses.
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