fois les trois rois d'Orient a la creche du Sauveur.
Voyant que ses deliberations mentales ne l'amenaient a aucune conclusion
satisfaisante, l'envoye du ciel eleva vers Dieu son pur esprit, et
sollicita une inspiration.
Il eut alors l'intuition du decret divin;
Le sac qu'il avait cru vide fut ouvert, et son bras s'y plongea jusqu'a
l'epaule pour en retirer un petit paquet mysterieux.
Alors les innombrables bibelots qui avaient ete primitivement destines
a l'opulente pantoufle furent divises en deux lots, et les mandataires
muets qui, gisant sur le tapis, reclamaient tacitement leur butin, en
recurent chacun une part egale.
Puis, louant le Createur de son ingenieuse et tendre generosite, le bon
petit Noel brisa le cachet de l'enveloppe enigmatique dont il avait
devine le contenu precieux.
Aussitot, une poudre doree s'echappant de ses doigts, tomba dans la
sandale de peluche, puis dans le miserable sabot.
Tout ce qui restait d'ombres dans la piece s'evanouit devant le
poudroiement irise de cette poussiere merveilleuse, mettant partout des
rayonnements.
La fillette rose, blottie dans la profondeur des coussins, en devint
toute resplendissante, et l'ange pale qui dormait a cote s'anima, se
transforma tout a coup, sous le feu des reflets magiques.
Un sang nouveau sembla s'infiltrer dans ses veines et colorer d'incarnat
les lis de ses joues. La vie refleurissait en cette frele creature.
Le petit Noel s'etait envole sans bruit.
Deux voix enfantines eclaterent ensemble comme un delicieux chant
d'oiseaux, emplissant le vaste palais d'echos inconnus.
En meme temps une mere folle de joie accourait, elevait dans ses bras
son enfant ravivee, et s'ecriait en la pressant passionnement sur son
coeur:
--Ma priere est exaucee! Soyez beni, Seigneur!
"Qui donne au pauvre prete a Dieu", dit un touchant enseignement. Dans
le cas actuel, le tout-puissant debiteur avait royalement solde sa
dette, rendant un tresor pour une obole--une vie chere pour un abri
donne a l'orphelin.
Le partage avait ete judicieusement fait par le delegue de la
Providence. Les deux souliers, sans distinction d'elegance ou de
difformite, avaient ete surcharges de bonbons et de jouets.
Tout cela etait merveille et nouveaute pour la naive proprietaire du
vilain soulier.
La veille, dans le tumulte d'une grande rue, un groupe de passants
l'avait separee de sa mere. Voulant la rejoindre et courant en tous sens
la pauvre mignonne se per
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