rser parfois la compassion. Et ceux-la
valent presque, aux yeux de Dieu les pleurs de la misere.
Heureusement, les nobles emotions de leurs ames sensibles au malheur,
achetaient pour elles ces celestes recompenses.
Car des larmes!... d'honneur! c'etait un article rare sous leur toit.
Hors le cas de pitie, elles n'en faisaient usage que juste ce qu'il faut
pour baigner le sourire, en vue d'obtenir les objets de leurs voeux.
On sait que c'est un principe de diplomatie qui a cours chez cette
petite engeance, qu'un attrait irresistible a ajouter a sa requete est
celui d'un regard suppliant a travers des pleurs.
Et c'est d'excellente politique.
Le moyen de resister, je vous le demande, a tant de beaux yeux emus qui
prient avec une si gentille ferveur!...
Le bon Dieu ne l'a pas encore trouve, lui qui est bien plus fort que les
hommes.
Mais en ce grand jour du "JOUR DE L'AN", il n'etait pas besoin de ruse
ni de stratagemes pour etre heureux!
Mon Dieu! que de tresors enfouis dans ces petits bas longs comme rien,
mais si precieux pourtant avec leur riche et abondante _cargaison_!
Quel bon genie avait donc pu deviner les desirs secrets de chacune
pour deposer mysterieusement a son chevet pendant la nuit, l'objet si
ardemment souhaite?...
Il n'y avait qu'un "bon Jesus" pour realiser des reves si follement
ambitieux... pour verser si genereusement autant de merveilles entre
leurs petites mains!
Les jolies fillettes adoraient, je vous le jure, ce cher bienfaiteur, ce
prodigue ami des enfants sages et bons comme elles. Elles aimaient aussi
de tout leur coeur leurs parents.
Une pensee leur vint donc tout a coup, qui faillit compromettre
l'extreme felicite dont elles jouissaient. Pourquoi le cher papa,
pourquoi la belle maman ne recevaient-ils pas, eux aussi, des cadeaux du
ciel!...
Leurs bons petits coeurs se gonflerent a cette reflexion.
Et l'attrait de toutes les choses prodigieuses etalees devant elles
disparut soudain.
La plus jeune des bebes, dont le bonheur s'etait incarne sous la forme
de mille animaux mignons reunis en une arche de Noe lilliputienne,
laisse la son vaste troupeau gisant par terre dans une attitude de
desorganisation et d'inquietude, comme s'il n'avait jamais ete sauve du
deluge, et que tout etait a recommencer.
Par le plus bienvenu des hasards, entrerent a ce moment dans la chambre
qui renfermait tant de desespoirs, les heureux parents de cette
interessante famille.
La
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