histoire ecoutee aux portes de la
legende.
Quant au mode de formation de plusieurs des autres poemes dans la pensee
de l'auteur, on pourra s'en faire une idee en lisant les quelques lignes
placees en note avant la piece intitulee _Les Raisons du Momotombo_;
lignes d'ou cette piece est sortie. L'auteur en convient, un rudiment
imperceptible, perdu dans la chronique ou dans la tradition, a peine
visible a l'oeil nu, lui a souvent suffi. Il n'est pas defendu au poete
et au philosophe d'essayer sur les faits sociaux ce que le naturaliste
essaie sur les faits zoologiques, la reconstruction du monstre d'apres
l'empreinte de l'ongle ou l'alveole de la dent.
Ici lacune, la etude complaisante et approfondie d'un detail, tel
est l'inconvenient de toute publication fractionnee. Ces defauts de
proportion peuvent n'etre qu'apparents. Le lecteur trouvera certainement
juste d'attendre, pour les apprecier definitivement, que _La Legende des
Siecles_ ait paru en entier. Les usurpations, par exemple, jouent un tel
role dans la construction des royautes au moyen age et melent tant de
crimes a la complication des investitures, que l'auteur a cru devoir les
presenter sous leurs trois principaux aspects dans les trois drames, _Le
Petit Roi de Galice, Eviradnus, La Confiance du Marquis Fabrice. Ce qui
peut sembler aujourd'hui un developpement excessif s'ajustera plus tard
a l'ensemble.
Les tableaux riants sont rares dans ce livre; cela tient a ce qu'ils ne
sont pas frequents dans l'histoire.
Comme on le verra, l'auteur, en racontant le genre humain, ne l'isole
pas de son entourage terrestre. Il mele quelquefois a l'homme, il heurte
a l'ame humaine, afin de lui faire rendre son veritable son, ces etres
differents de l'homme que nous nommons betes, choses, nature morte, et
qui remplissent on ne sait quelles fonctions fatales dans l'equilibre
vertigineux de la creation.
Tel est ce livre. L'auteur l'offre au public sans rien se dissimuler
de sa profonde insuffisance. C'est une tentative vers l'ideal. Rien de
plus.
Ce dernier mot a besoin peut-etre d'etre explique.
Plus tard, nous le croyons, lorsque plusieurs autres parties de ce livre
auront ete publiees, on apercevra le lien qui, dans la conception de
l'auteur, rattache _La Legende des Siecles_ a deux autres poemes,
presque termines a cette heure, et qui en sont, l'un le denoument,
l'autre le commencement: _La Fin de Satan, Dieu_.
L'auteur, du reste, pour completer ce qu'il a
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