lus de chemin fait, et on n'en peut point
pratiquer, moins a cause de la quantite des rochers dont toute cette
partie est couverte que par la difficulte de les entretenir ou de les
renouveler chaque annee, parce que les torrens et les avalanches les
detruiroient; de plus on ne pourroit y travailler que trois ou quatre
mois de l'annee, les huit ou neuf autres mois le pays, au dela du bourg,
etant presque toujours couvert de neige. La truite ne remonte pas
au-dela du bourge Saint-Pierre, elle se trouve arretee par les cascades
et chutes trop considerables de la Vassoree qui va se jetter dans la
Drance. Ce torrent sort encaisse et resserre dans le lit qu'il
s'est creuse, provient d'un glacier qu'on rencontre en montant le
Saint-Bernard qui porte le meme nom. L'entree du valais est fermee et
defendue de ce cote par le lit de la Vassoree; c'est le fosse le plus
profond et le plus escarpe qui existe. Des ouvrage creneles et une porte
sont places a l'entree du bourg Saint-Pierre, nous avons donne un dessin
de la chute de ce torrent, on voit le travail des eaux dans le rocher
qu'il a mine et ou il s'est ouvert un passage.
"On compte trois lieues de ce bourg a l'Hospice, sur le haut du
Saint-Bernard; c'est le passage le plus frequente pour communiquer du
Bas-Vallais en Italie par le Piemont et la vallee d'Aost; le transport
des marchandises ne se fait qu'a dos de mulets et de chevaux; c'est du
produit de ces transports que vivent la plupart des habitans qui sont
des deux cotes de ce mont; celui des fromages, qui est la principale
production de ces hautes Alpes, fait le plus fort article. On ne
rencontre sur cette route que des rochers entasses les uns sur les
autres, entre lesquels on passe par mille detours, en suivant les
petits vallons qu'ils forment. Des torrents des eaux y roulent et s'y
precipitent de tous cotes; on voit dans ces bas, de bois de sapins meles
de quelques pins et puis des melezes; ils diminuent insensiblement,
leurs vegetation est moins vigoureuse, les arbres sont plus rares les
derniers qu'on rencontre sont des melezes a une heure de Saint-Pierre.
Plus loin, on ne voit plus que des buissons bas et rabougris; au bord de
quelque ruisseau ou torrent ce sont des aulnes ou vergnes; le dernier
arbrisseau que nous avons vu, entre les melezes et les aulnes, est un
sureau sans fruit. Les paturages, l'herbe et le gazon suivent la meme
progression. Ce n'est-que dans quelques endroits, d'ou les eaux n'on pas
entraine
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