de
braver le desespoir de Metella. Apres tout, que ce fut par vanite ou
par tendresse, il l'avait aimee, il avait vecu dix ans heureux aupres
d'elle, il lui devait en partie l'eclat de sa position dans le monde, et
il y avait des jours ou elle etait encore si belle qu'on le proclamait
heureux: il etait heureux ces jours-la. "Cependant il le faut,
pensa-t-il; car dans peu de temps elle sera decidement laide: je ne
pourrai plus la souffrir, et je ne serai pas assez fort pour lui cacher
mon degout. Alors notre rupture sera eclatante et rude. Il vaudrait
mieux qu'elle se fit a l'amiable des a present...."
Il se promena seul pendant une heure au clair de la lune. Il etait
tellement malheureux que lady Mowbray serait venue au-devant de ses
desseins si elle avait su combien il etait ronge d'ennui. Enfin il
s'arreta au milieu de la rue; et, regardant autour de lui dans une sorte
de detresse, il vit qu'il etait devant l'hotel ou logeait Olivier. Il y
entra precipitamment, je ne sais pas bien pourquoi, et peut-etre ne le
savait-il pas non plus lui-meme.
Quoi qu'il en soit, il demanda le Genevois, et apprit avec plaisir
qu'il etait chez lui. Il le trouva se disposant a aller au bal chez un
banquier auquel il etait recommande. Olivier fut surpris de l'agitation
du comte. Il ne l'avait pas encore vu ainsi, et ne savait que penser de
son air inquiet et de ses frequentes contradictions. Rien de ce qu'il
disait ne semblait etre dans ses habitudes ni dans son caractere. Enfin,
apres un quart d'heure de cette etrange maniere d'etre, Buondelmonte
lui pressa la main avec effusion, le conjura de venir souvent chez lady
Mowbray. Apres lui avoir fait mille politesses exagerees, il se retira
precipitamment, comme un homme qui vient de commettre un crime.
Il retourna chez lady Mowbray: il la trouva souffrante et prete a se
mettre au lit. Il l'engagea a se distraire et a venir avec lui au bal
chez le banquier A..... Metella n'en avait pas la moindre envie; mais,
voyant que le comte le desirait vivement, elle ceda pour lui faire
plaisir, et ordonna a ses femmes de preparer sa toilette.
"Vraiment, Luigi, lui dit-elle en s'habillant, je ne vous comprends
plus. Vous avez mille caprices: avant-hier je desirais aller au bal de
la princesse Wilhelmine, et vous m'en avez empechee; aujourd'hui....
--Ah! c'etait bien different: j'avais un rhume effroyable ce jour-la....
Je tousse encore un peu....
--On m'a dit cependant....
--Qu'est-ce qu'
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