ssa Olivier parler de Goethe a lady Mowbray.
Metella, qui l'avait d'abord accueilli avec une politesse bienveillante,
l'ecouta peu a peu avec interet. Olivier n'avait pas infiniment
d'esprit, mais il avait fait beaucoup de bonnes lectures; il avait de la
vivacite, de l'enthousiasme, et, ce qui est extremement rare chez les
jeunes gens, pas la moindre affectation. Avec lui, on n'etait pas force
de pressentir le grand homme en herbe, la puissance intellectuelle
meconnue et comprimee; c'etait un vrai Suisse pour la franchise et le
bon sens, une sorte d'Allemand pour la sensibilite et la confiance; il
n'avait rien de francais, ce qui plut infiniment a Metella.
Vers la fin du bal le comte revint aupres d'eux, et, les retrouvant
ensemble, il se sentit joyeux et triompha interieurement de son
habilete. Il laissa Olivier donner le bras a lady Mowbray pour la
reconduire a sa voiture, et les suivit par derriere avec une discretion
vraiment maritale.
Le lendemain, il fit a Metella le plus pompeux eloge du jeune Suisse, et
l'engagea a lui ecrire un mot pour l'inviter a diner. Apres le diner, il
se fit appeler dehors pour une pretendue affaire imprevue, et les laissa
ensemble toute la soiree. Comme il revenait seul et a pied, il vit deux
jeunes bourgeois de la ville arretes devant le balcon de lady Mowbray,
et il s'arreta pour entendre leur conversation.
"Vois-tu la taille de lady Mowbray au clair de la lune? On dirait une
belle statue sur une terrasse.
--Le comte est aussi un beau cavalier. Comme il est grand et mince!
--Ce n'est pas le comte de Buondelmonte; celui-ci est plus grand de
toute la tete. Qui diable est-ce donc? je ne le connais pas.
--C'est le jeune duc d'Asti.
--Non, je viens de le voir passer en sediole.
--Bah! ces grandes dames ont tant d'adorateurs, celle-la qui est si
belle surtout! Le comte de Buondelmonte doit etre fier!...
--C'est un niais. Il s'amuse a faire la cour a cette grosse princesse
allemande, qui a des yeux de faience et des mains de macaroni, tandis
qu'il y a dans la ville un petit etranger nouvellement debarque qui
donne le bras a madame Metella, et qui change d'habit sept fois par jour
pour lui plaire.
--Ah! parbleu! c'est lui que nous voyons la-haut sur le balcon. Il a
l'air de ne pas s'ennuyer.
--Je ne m'ennuierais pas a sa place.
--Il faut que Buondelmonte soit bien fou!"
Le comte entra dans le palais et traversa les appartements avec
agitation. Il arriva a l'entre
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