pour les populations de chasseurs et de pasteurs nomades qui occupaient
le pays; d'autre part, la fete religieuse des sources du Beuvray fut un
puissant appat pour les industries qui trouvaient en meme temps, dans
cette position retranchee, la securite indispensable a leur travail, et
l'ecoulement facile de leurs produits.
Les arts et l'industrie des Gaulois eduens resterent a l'etat
rudimentaire jusqu'a l'epoque ou des peuples plus civilises--les
Carthaginois et surtout les Marseillais--entrerent en communication avec
eux par les deux grandes voies fluviales du Rhone et de la Saone.[1]
Il serait difficile de fixer la date de ces premieres communications
(que l'histoire a enregistrees a une epoque relativement recente); nous
savons seulement que, 123 ans avant Jesus-Christ, les Marseillais mirent
les Eduens en rapport avec Rome et obtinrent pour eux le titre de
_freres du peuple romain_.
A l'epoque dont nous parlons (un siecle environ avant l'ere chretienne)
la Gaule etait divisee en clans restreints, sans lien entre
eux, sans litterature, et sans art proprement dit, presque sans
ecriture--puisqu'il etait defendu aux druides de s'en servir pour
conserver l'histoire et les dogmes.--Les Eduens etaient pourtant en
pleine prosperite, sous le rapport materiel. Nous n'en voulons pour
preuve que l'etat de l'impot et les entreprises financieres de certains
chefs eduens--dont l'un, Dumnorix, fermier de tous les peages de la
cite, ne voyageait jamais sans avoir trois cents chevaux a sa
suite.--L'agriculture etait tres avancee; l'emploi de la marne et de la
chaux pour amender les terres--invention gauloise ou grecque--avait plus
que double la fertilite des champs. _Aedui calce uberrimos fecere
agros_.[2] Quant au betail, il etait nombreux et nourri dans de vastes
patures, situees quelquefois dans l'interieur meme des oppidum.
Cet etat de prosperite fut serieusement trouble dans le siecle qui
preceda l'ere chretienne par les luttes des Eduens avec les Arvernes,
les Sequanais et surtout les Germains, appeles par ces derniers.
Les Eduens, trop faibles contre tant d'ennemis reunis, furent ecrases a
la bataille de _Magetobria_, dans laquelle leur noblesse perit presque
toute entiere. Il fallut livrer des otages, et payer des tributs onereux
pour obtenir la paix. Le druide Divitiacus refusa seul de souscrire a
l'humiliation de sa cite, et se refugia a Rome, ou il fut l'hote de
Ciceron. Introduit dans le senat--il parla debout,
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