erent point a faire oublier quelque peu la
premiere de ces villes.
Attirees par la curiosite ou l'interet vers le nouveau centre qui
reunissait l'administration, les ecoles et le commerce, les populations
ne connurent bientot plus le vieil oppidum que par son pelerinage et
sa foire.
Eumene, a la fin du troisieme siecle, cite Bibracte en passant, une fois
encore, et comme a titre de mention historique. La designation de
Florentia, qu'il ajoute a son nom, semble elle-meme indiquer que cette
fete du printemps l'empechait d'etre entierement oubliee.[12]
Tel ne fut pourtant pas son sort, malgre les invasions barbares, qui
porterent le dernier coup a tout ce qui se rattachait aux anciens
centres gaulois, confondus souvent, par la communaute d'un meme
desastre, avec les villes de creation plus recente.[13]
Le nom de Bibracte fut conserve a la montagne, et se transforma peu a
peu en celui de Beuvray qui--pour le philologue--est exactement le meme.
Au seizieme siecle, Gaucher, chanoine d'Autun, parlant de deux de ses
amis qui se rendaient au Beuvray pour la foire du premier mercredi de
mai, ecrit ces mots: "_... qui ibant Bibracte._"
Jean Bouchet, dans ses _Chroniques d'Aquitaine_, parle de Libracte
(_sic_)... "qui etait une petite ville d'Authun qu'on appelle de
present Beuvray."
Dans tout le bassin de l'Arroux les registres des paroisses mentionnent
a la meme epoque: La Comelle-sous-Bibracte, St-Leger-sous-Bibracte, etc.
Le passage que le celebre jurisconsulte Guy-Coquille consacre au mont
Beuvray dans son "_Histoire du Nivernais_" est a citer en entier:
"La montagne de Beuvray, en la cime de laquelle etait l'ancienne
Bibracte, est aujourd'hui en dedans le duche et pays de Nivernois.
Il est vray-semblable que les plus anciennes villes, baties apres le
deluge, ayent ete mises es-cimes des montagnes, et depuis, a cause de
l'incommodite des lieux hauts, ayent ete transferees en lieux plus bas
et de plus facile acces; ainsi les habitants de ce haut Beuvray se
soient transferes au lieu ou est de present Authun, et pour l'honneur
d'Auguste Cesar l'ayent nomme Augustodunum."
La tradition populaire, qui n'est pas moins explicite, temoignerait a
elle-meme, par son etonnante persistance a travers les ages, de la
grandeur de l'antique Bibracte, et de sa situation, meme en l'absence de
textes ecrits et de faits materiels:
"En faisant visiter les terrassements qui enveloppent les differents
sommets de la montagne,
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