utiques--a l'usage des marchands qui se rendaient a la
foire--longeait les vieux cotes de la grande voie, separee d'elle par un
trottoir et un portique couvert.
Le temple etait entoure d'un portique semblable a celui des boutiques.
Il se composait de deux parties: d'un _pronaos_ ou vestibule de 7 a 8
metres de cote, et d'une _cella_ surelevee, plus etroite que le
vestibule auquel elle faisait suite.
Quand le christianisme penetra dans les montagnes du Morvan, le temple
du Beuvray fut transforme en chapelle; mais la partie la plus
ancienne--c'est-a-dire le vestibule--fut seule conservee. La _cella_, ou
etaient les idoles, fut entierement rasee; car on sait que les premiers
apotres n'admettaient pas que les sacres mysteres soient celebres dans
le sanctuaire meme des fausses divinites.--On la remplaca par une abside
demi-circulaire precedee d'une partie droite plus etroite que le
vestibule, et l'edifice prit ainsi la forme des basiliques
constantiniennes du quatrieme siecle.
La maconnerie des parties reconstruites est irreguliere comme un travail
fait a la hate et par des ouvriers inexperimentes; le mortier et les
moellons en sont aussi egalement mediocres.
La tradition populaire attribue cette transformation a saint Martin
lui-meme, et l'on doit convenir qu'a defaut de preuves elle a au moins
pour elle d'assez graves presomptions:
La circonstance qui milite le plus en faveur de l'opinion que nous
emettons, c'est que la medaille romaine--la derniere en date parmi
celles trouvees dans cette ruine--est exactement contemporaine de saint
Martin. Cette meme medaille etait aussi la derniere de celles qui
accompagnaient l'_ex voto_ de la Dea Bibracte trouve--comme on sait--au
fond d'un puits scelle d'une dalle, dans l'enclos du petit seminaire
d'Autun.[16]
Le premier etablissement chretien du Beuvray disparut a une epoque
difficile a preciser. On sait seulement qu'au douzieme siecle, on eleva
sur le meme emplacement un nouvel edifice, dedie a saint Martin, qui fut
ruine vers 1570 par les soldats de Coligny, et fit place a une chapelle
plus petite encore; celle-ci s'etant ecroulee peu d'annees avant la
Revolution, ne fut remplacee que par une simple croix de bois.
En 1851, un membre de la Societe Eduenne se rendant au congres de
Nevers, traversa la route du Beuvray. S'etant detourne quelque peu pour
aller visiter le plateau de la Terrasse, il trouva la croix de
Saint-Martin gisante sur le sol et brisee par la vetust
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