s le rendez-vous de toutes les populations
d'alentour au moment de sa foire et de son pelerinage, car les
Romains--contrairement a une opinion recue--furent tres tolerants pour
la religion des vaincus, _toutes les fois qu'elle ne touchait point a la
politique_, et accepterent avec la plus grande facilite les genies des
sources et des rivieres, les fees des fontaines, les maires..., etc., en
un mot toutes les divinites des Gaulois.
Les coutumes religieuses du pays eduen etaient d'ailleurs d'une si
grande tenacite que le christianisme lui-meme eut grand'peine a les
detruire. Saint Eloi, au sixieme siecle, defendait expressement de
chomer au mois de mai; aujourd'hui encore, nous retrouvons la trace de
ces coutumes dans les pratiques superstitieuses en usage chez les
paysans de nos montagnes:
Les nourrices viennent comme autrefois aux sources de la fee
Bibracte--sanctifiees par les noms de Saint-Pierre et de
Saint-Martin--se laver le sein avant l'aurore pour obtenir un bon
nourrissage et jettent dans l'eau une piece de monnaie ou un fromage.
Les hommes vont de meme, a l'heure matinale, attacher des cordons de
lisiere autour de la croix et y deposer des bouquets composes de cinq
especes d'herbes magiques--a la mode des druides--pour preserver du
mauvais oeil leur betail ou leurs champs; puis ils s'avancent devant la
croix, le dos tourne vers elle, et jettent derriere leur epaule gauche
une baguette de coudrier--l'arbre du mal.[18]
On retrouve dans toutes ces pratiques les restes de traditions communes
a tous les peuples issus des plateaux de l'Asie centrale.
Les forums, au moyen age, furent detruits a une date inconnue et
remplaces par de petites loges dispersees sur le meme terrain.
La foire du Beuvray pendant cette periode etait non-seulement un
rendez-vous religieux, mais aussi servait de pretexte a ces sortes de
plaids, dont Cesar a cite quelques exemples chez les Gaulois.
Les seigneurs de Glux et de la Roche-Milay, possesseurs de la montagne,
y reunissaient chaque annee tous leurs vassaux pour en faire le
denombrement, et tenaient cour pleniere.
Les fetes se terminaient generalement par un tournoi auquel prenait part
toute la noblesse des environs.
La foule avant de se livrer aux affaires se rendait a la chapelle ou
etaient celebres les offices religieux, et ou l'on faisait des offrandes
comme au temps d'Eumene--_referunt vota templis_.
La foire du Beuvray au seizieme siecle est ainsi decrite par Gu
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