a l'y
rejoindre.
Cesar apprit cette nouvelle avec une inquietude qui perce a travers son
style, en depit de sa concision, et, comme pour se justifier de ne point
marcher sur Bibracte, il prononca ces mots qui marquent bien la position
imprenable de cette forteresse et l'impossibilite d'un siege:
_Bibracte ... quod est apud cos oppidum maximae autoritatis_.[6]
Au meme moment, Vercingetorix accourait aussi a Bibracte pour entrainer
definitivement la cite dans son parti. L'assemblee generale des chefs
gaulois y fut convoquee:--_Totius Galliae concilium Bibracte
indicitur_.[7]
Le chef Arverne, acclame par la foule, fut place par l'enthousiasme
populaire a la tete de toutes les forces reunies de la Gaule, malgre
l'opposition des chefs eduens, humilies de voir leur cite obeir a un
etranger. Ils fournirent, neanmoins, leur contingent pour la defense
d'Alesia, mais la conduite de plusieurs d'entre eux, faits prisonniers
par les Romains, a laisse subsister des doutes sur leur fidelite a la
cause nationale.
Apres la prise d'Alesia, Cesar rendit aux Eduens leurs prisonniers et
vint lui-meme hiverner a Bibracte:--_Ipse Bibracte hicmare
constituit_.[8]
Il etait occupe a y rendre la justice, lorsqu'il apprit que les
Bituriges preparaient une nouvelle insurrection. Ne voulant pas laisser
a l'ennemi le temps d'organiser ses forces, il quitta Bibracte la veille
des kalendes de janvier:--_Pridic kalendas januarias a Bibracte
proficisitur_,[9]--avec une faible escorte de cavalerie:--_cum manu
equitatis_,--et laissant Marc-Antoine a la garde des bagages, il rallia
la XIe legion campee dans le voisinage:--_quae proxiima erat_,--et la
XIIIe qui occupait la limite entre les Eduens et les Bituriges.
L'ennemi, pris a l'improviste, fut completement defait. La conquete de
la Gaule etait achevee.
Il ne parait point que Cesar soit revenu a Bibracte, du moins ni lui ni
ses historiens n'en ont fait mention. La forteresse est nommee encore
une fois par Strabon, quelques annees plus tard, a une date difficile a
preciser: "Les Eduens--dit ce geographe--ont une _ville_,
Chalon-sur-Saone, et une _forteresse_, Bibracte."
L'organisation nouvelle donnee a la Gaule par Auguste semble avoir
decide de la suppression de l'ancien oppidum. Rome ne voulut pas laisser
entre les mains d'une population toujours remuante une forteresse de
cette importance qui, a un moment donne, pouvait offrir aux insurges un
point d'appui des plus solides.
Bibracte
|