aujourd'hui en partie boisee, s'elevait
jadis une des plus importantes cites de la Gaule: BIBRACTE--la capitale
des Eduens, l'_oppidum maximae auctoritatis_ de Cesar, le _Phrourion
Bibrachta_ de Strabon--dont le nom a persiste dans le _Biffractum_ des
chartes et dans celui de Beuvray.
L'occupation d'une pareille place expliquerait, a elle seule,
l'influence des Eduens sur les nations limitrophes. Bibracte, du haut de
ses plateaux, presentait le front a chacune d'elles, et pouvait lancer a
son gre des bandes dans leurs vallees qui s'ouvraient a ses pieds, ou
les replier en cas d'insucces dans ses retranchements inexpugnables.
Si l'on songe aux conditions physiques ou se trouvait la Gaule, a ces
guerres permanentes qui faisaient de ce pays un vaste champ-clos, dans
lequel les tribus n'etaient occupees qu'a s'attaquer ou a se defendre, a
soutenir ou a entreprendre des sieges, on doit convenir qu'il n'existe,
sur aucun point du territoire Eduen, un lieu plus merveilleusement
approprie que le mont Beuvray aux exigences d'un etat de choses
aussi violent.
Avant de decrire les diverses parties de l'_oppidum_ de Bibracte, mises
a jour par les fouilles de ces dernieres annees, nous essaierons de
retracer brievement l'histoire de cette forteresse dont la destinee se
liait a celle d'une puissante cite, et qui fut, pendant de longs
siecles, l'instrument de son salut et de sa grandeur.
I
APERCU SUR L'HISTOIRE DE BIBRACTE
Des haches de bronze et quelques fleches en silex sont les premiers
indices du sejour de l'homme sur la montagne de Beuvray. A cette preuve
archeologique de l'anciennete de la station, il convient d'en ajouter
une autre empruntee aux traditions religieuses: le culte des eaux et
des fontaines--le plus ancien de tous avec celui du feu--a laisse, en
effet, sur la montagne (ou il fut apporte par les races d'emigrants
venus d'Asie) des traces qu'on ne saurait meconnaitre et qui jusqu'ici
ont resiste a toutes les revolutions. La persistance de ce culte au
_meme_ lieu, aux _memes_ epoques--et suivant les _memes_ rites que l'on
voit observer encore aujourd'hui sur les bords du Gange et de l'Indus,
s'explique difficilement si l'on n'admet point que _des les temps les
plus recules_ le mont Beuvray a ete frequente comme un lieu de
pelerinage, et que les coutumes dont nous parlons puisent leur vitalite
dans la profondeur des ages.
La position escarpee de la montagne dut en faire, a l'origine, un refuge
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