nir te prendre.
--Et pourquoi cela?
--Parce que ceci est une ancienne residence papale et qu'il y avait
autrefois droit d'asile. Les Borghese avaient herite de ce droit, et,
bien que tout cela soit aboli, la coutume et le respect des anciens
droits subsistent encore. Pour se faire ouvrir ces portes qui te
defendent, il faudrait que l'autorite locale se decidat a faire une
grave injure a la princesse, et on ne l'osera jamais sans sa permission.
--Mais pourquoi n'obtiendrait-on pas cette permission?
--Parce que Olivia aussi est partie pour Rome, et qu'elle va tout
confier a sa maitresse, laquelle est genereuse et s'interessera a nous.
Tu vois que les femmes sont bonnes a quelque chose, et je crois meme
que, dans notre pays romain, il n'y a que nous qui valions quelque chose
en effet.
J'etais bien de cet avis, et, me rappelant que, sans passeport, il n'y
avait moyen de s'embarquer sur aucune rive d'Italie, a moins de se
lancer dans ces aventures trop penibles ou trop perilleuses pour la
chere compagne que je ne veux pas laisser derriere moi, je me suis
resigne a suivre son conseil et a m'abandonner a la protection des
femmes; car je suis profondement touche du devouement de la Mariuccia et
d'Olivia. J'admire la prevoyance et l'activite de ce sexe genereux et
intelligent, qui, en tout temps et en tout pays, mais en Italie surtout,
a ete la providence des persecutes.
--Prends-en donc ton parti, disait Daniella en rangeant la chambre et
en placant un petit crucifix a mon chevet et un vase a fleurs sur ma
cheminee, comme s'il se fut agi d'installer la un menage dans les
conditions les plus regulieres et les plus naturelles: tu en seras
quitte pour t'ennuyer ici huit jours au plus. Il est impossible que
milord et la princesse ne trouvent pas le moyen de te delivrer avant une
semaine.
--M'ennuyer! tu ne viendras donc plus me voir?
--Et comment vivrais-je si je ne venais pas? Oh! si tu voyais un jour
s'ecouler sans moi, tu pourrais bien dire: "La Daniella est morte!"
--Mais la Daniella ne peut pas mourir!
--Non, puisque tu l'aimes!... Donc, tu te soumets?
--Avec une joie dont tu n'as pas d'idee; car je me suis tourmente tout
un jour du desir d'etre enferme ici avec toi. Une seule chose me gate
mon reve, c'est le metier que tu fais pour venir et t'en aller. Cela est
un vrai supplice pour moi.
--Et tu as tort. Voila le beau temps; le vent souffle de l'Apennin, tous
les nuages s'en vont a la mer. Nous avon
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