eil. Le premier que j'ai risque a ete le seul qui menacat
d'incendier le chateau. En le regardant descendre lentement et bruler a
terre, je me suis assure qu'il n'y avait la aucun amas de bois et aucun
debris combustible; rien que le sol, seme de pierres et de briques
cassees. Les autres papiers enflammes m'ont permis de distinguer
parfaitement le local. C'est une cave assez spacieuse, bien voutee,
tres-seche, et qui communiquait a une cave contigue par une arcade
maintenant comblee de debris jusqu'au cintre.
Tout cela me serait bien facile a explorer au moyen d'une corde a noeuds
fixee au soupirail, si ce soupirail n'etait defendu par des barres de
fer tres-rapprochees et tres-bien scellees dans la pierre. Il faudrait
donc arracher cette grille, ce qui ne serait pas impossible avec les
outils convenables; mais le bruit! Il ne m'est pas bien prouve qu'il
soit absolument etouffe dans cet entonnoir. Au premier ouragan, je
profiterai du vacarme general pour risquer ce travail.
N'ayant plus rien a tenter aujourd'hui, je suis revenu sur ma petite
terrasse pour vous ecrire tout ce qui precede. J'ai, de la, cette
magnifique vue dont je vous ai parle, et, avec la jouissance des yeux,
celle de l'ouie; car, excepte le berger qui garde ses moutons sur les
sommets de Tusculum, je suis l'habitant le plus haut perche de tout ce
massif de montagnes. Tous les bruits des collines et des vallees montent
donc jusqu'a moi, et j'ai eu le loisir, en vous ecrivant, d'etudier
cette musique produite par la rencontre fortuite des sons epars qui
constitue, en chaque pays, ce que l'on pourrait appeler la musique
naturelle locale.
Il y a des endroits comme cela qui chantent toujours, et celui-ci est le
plus melodieux ou je me sois jamais trouve. En premiere ligne, il faut
mettre la chanson des grandes girouettes de la terrasse exterieure. Il
est si regulierement phrase a son debut, que j'ai pu ecrire six mesures
parfaitement musicales, lesquelles reviennent invariablement a chaque
souffle du vent d'est, qui regne depuis ce matin. Ce vent procede, sur
la premiere girouette, par une phrase de deux mesures plaintives a
laquelle repond la seconde girouette par une phrase pareille de forme,
mais d'une modulation plus triste; la troisieme continue le meme motif,
en le modifiant par un changement de ton tres-heureux.
La quatrieme girouette est cassee, par consequent muette, ce qui est
fort a propos, vu que son silence permet a la premiere de repren
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