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prendre tout de travers. J'ai le sang un peu vif, et, malgre moi, je me suis mele de ce qui ne me regardait pas. --De meme que vous vous etes trouve ou vous ne deviez pas etre, repondit M. Cardonnet d'un ton severe, et avec l'intention evidente d'intimider le hardi paysan. Jean, voici une derniere occasion de nous entendre et de nous connaitre; profitez-en, ou vous vous en repentirez. Quand je suis arrive ici, l'annee derniere, j'ai remarque votre activite, votre intelligence, l'affection que vous portaient tous les ouvriers et tous les habitants de ce village. J'ai eu sur votre probite les meilleurs renseignements, et j'ai resolu de vous mettre a la tete de mes travaux de charpente; j'ai offert de doubler pour vous seul le salaire, soit a la journee, soit a la tache. Vous m'avez repondu par des billevesees, et comme si vous ne me preniez pas pour un homme serieux. --Ce n'est pas ca, Monsieur, faites excuse; je vous ai dit que je n'avais pas besoin de vos travaux, et que j'en avais dans le bourg plus que je n'en pouvais faire. --Defaite et mensonge! Vous etiez tres mal dans vos affaires, et vous y voila pire que jamais. Poursuivi pour dettes, vous avez ete force de quitter votre maison, d'abandonner votre atelier, et de vous cacher dans les montagnes comme un gibier traque par les chasseurs. --Quand on se mele de raisonner, reprit Jean avec hauteur, il faut dire la verite. Je ne suis pas poursuivi pour dettes, comme vous l'entendez, Monsieur. J'ai toujours ete un honnete homme et range, et si je dois un sou dans le village ou dans les environs, que quelqu'un vienne le dire et lever la main contre moi. Cherchez, vous ne trouverez personne! --Il y a pourtant trois mandats d'amener contre vous, et, depuis deux mois, les gendarmes sont a votre poursuite sans pouvoir vous apprehender. --Et ils y seront tant que je voudrai. Le grand mal, pas vrai, que ces braves gendarmes promenent leurs chevaux sur une rive de la Creuse, tandis que je promene mes jambes sur l'autre! Voila des gens qui sont bien malades, eux qui sont payes pour prendre l'air et rendre compte de ce qu'ils ne font pas! Ne les plaignez pas tant, monsieur Cardonnet, c'est le gouvernement qui les paye, et le gouvernement est assez riche pour que je lui fasse banqueroute de mille francs ... car c'est la verite que je suis condamne a payer mille francs ou a aller en prison! Ca vous etonne, vous, jeune homme, qu'un pauvre diable qui a toujours oblige son
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