clair,
Dans les crins d'eau de l'etang blanc.
Au bon toucher de tes deux mains,
Je sens comme des feuilles
Me doucement froler;
Que midi brule le jardin.
Les ombres, aussitot recueillent
Les paroles cheres dont ton etre a tremble.
Chaque moment me semble, grace a toi,
Passer ainsi divinement en moi.
Aussi, quand l'heure vient de la nuit bleme,
Ou tu te celes en toi-meme,
En refermant les yeux,
Sens-tu mon doux regard devotieux,
Plus humble et long qu'une priere,
Remercier le tien sous tes closes paupieres?
Oh! laisse frapper a la porte
La main qui passe avec ses doigts futiles;
Notre heure est si unique, et le reste qu'importe,
Le reste, avec ses doigts futiles.
Laisse passer, par le chemin,
La triste et fatigante joie,
Avec ses crecelles en mains.
Laisse monter, laisse bruire
Et s'en aller le rire;
Laisse passer la foule et ses milliers de voix.
L'instant est si beau de lumiere,
Dans le jardin, autour de nous,
L'instant est si rare de lumiere tremiere,
Dans notre coeur, au fond de nous.
Tout nous preche de n'attendre plus rien
De ce qui vient ou passe,
Avec des chansons lasses
Et des bras las par les chemins.
Et de rester les doux qui benissons le jour.
Meme devant la nuit d'ombre barricadee,
Aimant en nous, par dessus tout, l'idee
Que bellement nous nous faisons de notre amour.
Comme aux ages naifs, je t'ai donne mon coeur,
Ainsi qu'une ample fleur
Qui s'ouvre, au clair de la rosee;
Entre ses plis freles, ma bouche s'est posee.
La fleur, je la cueillis au pre des fleurs en flamme;
Ne lui dis rien: car la parole entre nous deux
Serait banale, et tous les mots sont hasardeux.
C'est a travers les yeux que l'ame ecoute une ame.
La fleur qui est mon coeur et mon aveu,
Tout simplement, a tes levres confie
Qu'elle est loyale et claire et bonne, et qu'on se fie
Au vierge amour, comme un enfant se fie a Dieu.
Laissons l'esprit fleurir sur les collines,
En de capricieux chemins de vanite;
Et faisons simple accueil a la sincerite
Qui tient nos deux coeurs clairs, en ses mains cristallines;
Et rien n'est beau comme une confession d'ames,
L'une a l'autre, le soir, lorsque la flamme
Des incomptables diamants
Brule, comme autant d'yeux
Silencieux,
Le silence des firmaments.
Le printemps jeune et benevole
Qui vet le jardin de beaute
Elucide nos voix et nos paroles
Et les trempe dans sa limpidite.
La brise et les levres des feuilles
Babillent--et effeuillent
En nous les syllabes
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