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Joignons les mains pour l'adorer a travers nous.
Il n'importe que nous n'ayons que cris ou larmes
Pour humblement le definir,
Et que si rare et si puissant en soit le charme,
Qu'a le gouter, nos coeurs soient prets a defaillir.
Restons quand meme et pour toujours, les fous
De cet amour presqu'implacable,
Et les fervents, a deux genoux,
Du Dieu soudain qui regne en nous,
Si violent et si ardemment doux
Qu'il nous fait mal et nous accable.
Sitot que nos bouches se touchent,
Nous nous sentons tant plus clairs de nous-memes
Que l'on dirait des Dieux qui s'aiment
Et qui s'unissent en nous-memes;
Nous nous sentons le coeur si divinement frais
Et si renouvele par leur lumiere
Premiere
Que l'univers, sous leur clarte, nous apparait.
La joie est a nos yeux l'unique fleur du monde
Qui se prodigue et se feconde,
Innombrable, sur nos routes d'en bas;
Comme la haut, par tas,
En des pays de soie ou voyagent des voiles
Brille la fleur myriadaire des etoiles.
L'ordre nous eblouit, comme les feux, la cendre,
Tout nous eclaire et nous parait: flambeau;
Nos plus simples mots ont un sens si beau
Que nous les repetons pour les sans cesse entendre.
Nous sommes les victorieux sublimes
Qui conquerons l'eternite,
Sans nul orgueil et sans songer au temps minime:
Et notre amour nous semble avoir toujours ete.
Pour que rien de nous deux n'echappe a notre etreinte,
Si profonde qu'elle en est sainte
Et qu'a travers le corps meme, l'amour soit clair,
Nous descendons ensemble au jardin de ta chair.
Tes seins sont la, ainsi que des offrandes,
Et tes deux mains me sont tendues;
Et rien ne vaut la naive provende
Des paroles dites et entendues.
L'ombre des rameaux blancs voyage
Parmi ta gorge et ton visage
Et tes cheveux denouent leur floraison,
En guirlandes, sur les gazons.
La nuit est toute d'argent bleu,
La nuit est un beau lit silencieux,
La nuit douce, dont les brises vont, une a une,
Effeuiller les grands lys dardes au clair de lune.
Bien que deja, ce soir,
L'automne
Laisse aux sentes et aux orees,
Comme des mains dorees,
Lentes, les feuilles choir;
Bien que deja l'automne,
Ce soir, avec ses bras de vent,
Moissonne
Sur les rosiers fervents,
Les petales et leur paleur,
Ne laissons rien de nos deux ames
Tomber soudain avec ces fleurs.
Mais tous les deux autour des flammes
De l'atre en or du souvenir,
Mais tous les deux blottissons-nous,
Les mains au feu et les genoux.
Contre les deuils a c
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