ees.
Que mes deux mains contre ton coeur
Te soient, sur terre,
Les emblemes de la douceur.
Vivons pareils a deux prieres eperdues
L'une vers l'autre, a toute heure, tendues.
Que nos baisers sur nos bouches ravies
Nous soient sur terre,
Les symboles de notre vie.
Dis-moi, ma simple et ma tranquille amie,
Dis, combien l'absence, meme d'un jour,
Attriste et attise l'amour
Et le reveille, en ses brulures endormies.
Je m'en vais au devant de ceux
Qui reviennent des lointains merveilleux,
Ou, des l'aube, tu es allee;
Je m'assieds sous un arbre, au detour de l'allee,
Et, sur la route, epiant leur venue,
Je regarde et regarde, avec ferveur, leurs yeux
Encore clairs de t'avoir vue.
Et je voudrais baiser leurs doigts qui t'ont touchee,
Et leur crier des mots qu'ils ne comprendraient pas,
Et j'ecoute longtemps se cadencer leurs pas
Vers l'ombre, ou les vieux soirs tiennent la nuit penchee.
En ces heures ou nous sommes perdus
Si loin de tout ce qui n'est pas nous-memes.
Quel sang lustral ou quel bapteme
Baigne nos coeurs vers tout l'amour tendus?
Joignant les mains, sans que l'on prie,
Tendant les bras, sans que l'on crie,
Mais adorant on ne sait quoi
De plus lointain et de plus pur que soi,
L'esprit fervent et ingenu,
Dites, comme on se fond, comme on se vit dans l'inconnu.
Comme on s'abime en la presence
De ces heures de supreme existence,
Comme l'ame voudrait des cieux
Pour y chercher de nouveaux dieux,
Oh! l'angoissante et merveilleuse joie
Et l'esperance audacieuse
D'etre, un jour, a travers la mort meme, la proie
De ces affres silencieuses.
Oh! ce bonheur
Si rare et si frele parfois
Qu'il nous fait peur!
Nous avons beau taire nos voix,
Et nous faire comme une tente,
Avec toute ta chevelure,
Pour nous creer un abri sur,
Souvent l'angoisse en nos ames fermente.
Mais notre amour etant comme un ange a genoux,
Prie et supplie,
Que l'avenir donne a d'autres que nous
Meme tendresse et meme vie,
Pour que leur sort de notre sort ne soit jaloux.
Et puis, aux jours mauvais, quand les grands soirs
Illimitent, jusques au ciel, le desespoir,
Nous demandons pardon a la nuit qui s'enflamme
De la douceur de notre ame.
Vivons, dans notre amour et notre ardeur,
Vivons si hardiment nos plus belles pensees
Qu'elles s'entrelacent, harmonisees
A l'extase supreme et l'entiere ferveur.
Parce qu'en nos ames pareilles,
Quelque chose de plus sacre que nous
Et de plus pur et de plus grand s'evei
|