up de theatre. Kellog et
miss Olivia s'epanouissaient dans l'enivrement du triomphe; les cris de
reprobation et d'anatheme des adeptes se dissipaient dans l'ouragan des
hurrahs proferes par la foule, lorsque, tout a coup, au plus epais
du vacarme, le fracas d'une detonation retentit dans la loge de lord
Warner.
Le silence se retablit, subit, effrayant!
--Le malheureux! il croyait!--sanglota miss Olivia dans une clameur
de commiseration "non feinte," cette fois, ou son etre tout entier
vibrait....
Il croyait, oui, l'infortune qui, par un supreme effort, descendit
encore une fois de sa place sur la scene; il chancelait, il titubait
deja dans l'agonie; il s'accrochait de la main gauche au rebord de la
loge et brandissait de l'autre main le revolver dont il venait de se
frapper; un long filet de sang coulait sur l'horrible paleur de sa
face. Du profond de l'epouvante on le trouvait beau, cet illumine qui
succombait pour sa foi, ce poete qui ne voulait pas survivre a son reve.
Mais pareille mort reclamait vengeance; Warner, effroyable d'energie
defaillante, visa Kellog et fit feu, puis glissa, veule et lourd, sur le
sol.
Kellog, rugissant, se heurta le front des deux mains, vira plusieurs
fois sur ses talons et s'abattit a l'autre bout du theatre. Il avait,
lui aussi, le visage souille d'affreuses taches rouges.
Olivia restait seule debout, aneantie d'horreur, entre ces deux
agonisants que tordaient les convulsions dernieres.
Alors un cri strident partit de la loge de lady Warner!
Enfin! elle avait donc aussi quelque flamme de passion au coeur, cette
rigide poupee d'Albion, jusqu'alors guindee dans sa rancune hautaine!
Plus souple qu'une nuee dans son flot de dentelle, elle fut d'une volee
au milieu, de la scene, pointant sur le sein de sa rivale un poignard
que miss Olivia, de sa main robuste, l'empechait d'abaisser.
Ces fougueux evenements s'accumulaient plus rapides que l'eclair; on
regardait oppresses, cloues par le vertige. La crainte d'un autre
meurtre, pourtant, delia les langues: on appelait a l'aide; une
bousculade se ruait au secours de ces femmes ecumantes de haine, de ces
hommes que le rale etouffait.
Le desordre tourbillonnait en un crescendo furieux.
Mais quel soupcon, quel etrange soupcon, tout a coup, dans l'immense
ahurissement!
Pourquoi les musiciens, penches sur leurs pupitres, insouciants de ce
qui se passe au-dessus de leur tete, prolongent-ils le raclement funeste
de leur t
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