en verite! c'est le nom qui convient a ce ramassis de
maris mal decrasses du celibat, revoltes contre la fidelite conjugale et
ligues pour se delivrer reciproquement de leurs femmes par un
ignoble systeme de libre echange. C'est la que se trament de laches
conspirations contre les vertueuses d'entre nous qui s'entetent a ne pas
fournir de pretexte au divorce. C'est la que les pitoyables associes se
renseignent sur les qualites, les penchants, les travers, les caprices
de celles qu'il s'agit de seduire, et combinent ainsi les meilleures
chances de se deshonorer mutuellement. C'est la qu'ils calculent les
heures de se rendre au foyer les uns des autres et qu'ils menagent
les rencontres imprevues, les scenes de fausse jalousie et de feintes
provocations, les surprises, les coups de theatre, les flagrants delits
de toute espece, destines a rendre irrevocable la separation des epoux
et le mariage des amants. Bravo! messieurs! c'est d'un machiavelisme
transcendant!
Mme Rowlands prodiguait, on le voit, la fletrissure meritee; Archibald
Turlow perdait contenance.
--Comment savez-vous?... Quelle plaisanterie, balbutiait-il.
--Oh! laissons la les dementis! Encore une fois, je sais tout. Vous
avez eu l'imprudence d'admettre dans vos rangs M. Capperoni, quoique
celibataire, et, selon vos statuts, afin de l'utiliser comme "essayeur"
aupres des femmes reveuses... Capperoni--tandis que je revais--m'a
revele vos procedes d'un bout a l'autre...
--Le traitre! siffla M. Turlow.
--Mais, apres tout, je vous dois presque de la reconnaissance, continua
Mme Rowlands, passant de la furie au froid sarcasme. Ah! messieurs les
"Debarrasseurs," vous avez desespere de me vaincre par votre methode
ordinaire et vous vous etes livres, en mon honneur, a des frais
d'imagination. Il y a quelques mois, vous partez sans prendre conge,
sous pretexte d'affaires au bout du monde, tandis qu'en realite vous
menez dans les stations thermales environnantes un train galant dont les
joyeusetes sont celebrees par le _Courrier des Eaux_, journal des plus
futiles, certes, mais dont la lecture, pourtant, peut quelquefois n'etre
pas sans interet. Puis, quand on me croit reduite a merci par l'abandon
et preparee aux coups de tete par le ressentiment, vous apparaissez
a l'improviste dans ma solitude, vous me racontez je ne sais quelle
fastidieuse histoire de voyage tendant a me faire admettre, sous une
forme divertissante, la nouvelle de la mort d'Edward, que vou
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