de donner a
Ezzelino un commandement plus rapproche du theatre de ces brigandages, et
le rappela aupres de lui vers la fin de fevrier. Ezzelino quitta donc la
Messenie et se dirigea vers Corfou avec un equipage plus vaillant que
nombreux. Sa traversee fut heureuse jusqu'a la hauteur de Zante. Mais la
les vents d'ouest le forcerent de quitter la pleine mer et de s'engager
dans le detroit qui separe Cephalonie de la pointe nord-ouest de la Moree.
Il y lutta pendant toute une nuit contre la tempete, et le lendemain,
quelque heures avant le coucher du soleil, il se trouva a la hauteur des
iles Curzolari. Il allait doubler la derniere des trois principales, et,
pousse par un vent favorable, il veillait avec quelques matelots a la
manoeuvre; le reste, fatigue par la navigation de la nuit precedente, se
reposait sous le pont. Tout a coup, des rochers qui forment le promontoire
nord-ouest de cette ile, s'elanca a sa rencontre une embarcation chargee
d'hommes. Ezzelino vit du premier coup d'oeil qu'il avait affaire a des
pirates missolonghis. Il feignit pourtant de ne pas les reconnaitre,
ordonna tranquillement a son equipage de s'appreter au combat, mais sans
se montrer davantage, et continua sa route, comme s'il ne se fut point
apercu du danger. Cependant les pirates s'approcherent a grand renfort de
voiles et de rames, et finirent par aborder la galere. Quand Ezzelino vit
les deux navires bien engages et les Missolonghis poser leurs ponts
volants pour commencer l'attaque, il donna le signal a son equipage, qui
se leva tout entier comme un seul homme. A cette vue, les pirates
hesiterent; mais un mot de leur chef ranima leur premiere audace, et ils
se jeterent en masse sur le pont ennemi. Le combat fut terrible et
longtemps egal. Ezzelino, qui ne cessait d'encourager et de diriger ses
matelots, remarqua que le chef ennemi, au contraire, nonchalamment assis a
la poupe de son navire, ne prenait aucune part a l'action, et semblait
considerer ce qui se passait comme un spectacle qui lui aurait ete tout a
fait etranger. Etonne d'une pareille tranquillite, Ezzelino se mit a
regarder plus attentivement *cette* homme etrange. Il etait vetu comme les
autres Missolonghis, et coiffe d'un large turban rouge; une epaisse barbe
noire lui cachait la moitie du visage, et ajoutait encore a l'energie de
ses traits. Ezzelino, tout en admirant sa beaute et son calme, crut se
rappeler qu'il l'avait deja rencontre quelque part, dans un combat sans
dou
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