hitecte, membre de l'Academie des
Inscriptions et Belles Lettres, petite-fille du venerable Jean Rehu,
doyen de l'Academie francaise, l'elegant traducteur d'Ovide, l'auteur
des_ Lettres a Uranie, _dont la verte vieillesse fait l'admiration de
l'Institut.
On sait avec quel noble desinteressement, appele par M. Thiers, son
collegue et ami, aux fonctions d'archiviste des Affaires etrangeres,
Leonard Astier-Rehu se demit de sa charge au bout de quelques annees
(1878), refusant de courber sa plume et l'impartialite de l'Histoire
devant les exigences de nos gouvernants actuels. Mais, prive de ses
cheres archives, l'ecrivain a su mettre ses loisirs a profit. En deux
ans, il nous a donne les trois derniers volumes de son histoire et nous
annonce prochainement un_ Galilee inconnu _d'apres les documents les
plus curieux et les plus inedits. Tous les ouvrages d'Astier-Rehu sont
en vente chez Petit-Sequard, a la librairie academique_."
L'editeur du Dictionnaire des "Celebrites" laissant a chaque interesse
le soin de se raconter lui-meme, l'authenticite de ces notes
biographiques ne saurait etre mise en doute. Mais pourquoi dire que
Leonard Astier-Rehu avait donne sa demission d'archiviste, quand
personne n'ignore qu'il fut destitue, mis a pied comme un simple cocher
de fiacre, pour une phrase imprudente echappee a l'historien de la
Maison d'Orleans, tome V, page 327: "Alors comme aujourd'hui, la France,
submergee sous le flot demagogique..."
Ou peut conduire une metaphore! Les douze mille francs de sa place, un
logement au quai d'Orsay, chauffage, eclairage, en plus ce merveilleux
tresor de pieces historiques ou ses livres avaient pris vie; voila ce
que lui emporta ce "flot demagogique," son flot! Le pauvre homme ne s'en
consolait pas. Meme apres deux ans ecoules, le regret du bien-etre et
des honneurs de son emploi lui mordait le coeur, plus vif a certains
jours, a certaines dates du mois ou de la semaine, et principalement le
jour de Teyssedre.
C'etait le frotteur, ce Teyssedre. Il venait de fondation chez les
Astier le mercredi; et l'apres-midi du meme jour, Mme Astier recevait
dans le cabinet de travail de son mari, seule piece presentable de ce
troisieme etage de la rue de Beaune, debris d'un beau logis, majestueux
de plafond, mais terriblement incommode. On se figure le desarroi ou ce
mercredi, revenant chaque semaine, jetait l'illustre historien
interrompu dans sa production laborieuse et methodique; il en avait pris
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