as outre mesure. Il en abuse parfois en
petit comite, s'il ne sait pas toujours le dissimuler sous une couche
suffisante de vernis.
Il n'a pas autant que son aieul le Francais l'art de dire des choses
inconvenantes d'une facon convenable.
On lui a souvent repete qu'il parle la langue de Racine; ne vous etonnez
donc pas si, dans ses acces d'archaisme, il s'efforce de remonter
jusqu'a Rabelais et y parvient dans une certaine mesure.
Les anecdotes que vous livrez a la publicite nous le peignent assez
bien, ce qui n'empechera pas certains de vos personnages de rester mal
peignes.
Ce n'est pas votre faute: il faut leur laisser la tete qu'ils ont.
Grimes d'une autre maniere, ils n'auraient plus de raison d'etre.
Toutefois, si vous entreprenez de presenter au public tous les originaux
du terroir, vous en entreprenez la un _tannant_ de _stunt_, comme dirait
Jules Lemaitre. Vous avez un _job_ qui durera jusqu'au jugement dernier,
le plus redoute des jugements a cause de son incontestable justice.
Et maintenant que je vous ai fait pleurer, faites-moi rire.
REMI TREMBLAY
PREAMBULE
Je n'ai nullement l'intention, en publiant ces contes, de me poser
en litterateur: mon seul desir est d'interesser mes lecteurs en leur
narrant des histoires de leur pays, ou l'esprit court les rues, bien
certain de trouver toujours et partout bon gite et bon accueil dans
toutes les familles canadiennes-francaises, ou le rire de bon aloi est
toujours le bienvenu. Il est notoire que meme dans les circonstances les
plus tragiques le Canadien-Francais voit d'abord le cote comique et en
profite pour rigoler. C'est sa nature. Il ne faut donc pas lui reprocher
ce desir si legitime de s'amuser, tout en ne causant aucun tort a son
prochain.
Je suis l'ennemi acharne de la reclame personnelle, mais j'ai vu un si
grand nombre d'exotiques et d'indigenes qui se sont fait un piedestal de
leur signature que je ne vois pas pourquoi je n'en ferais pas autant. Il
parait que ce n'est pas un crime puisque ceux qui ont pris ce moyen de
parvenir sont arrives aux honneurs et aux places lucratives. Voila tout
ce que j'ai a annoncer dans ce court preambule et a vous designer mon
camarade.
Ce dernier est un artiste dessinateur de grand merite, qui a etudie a
Paris sous les grands maitres et a su profiter de leurs lecons.
Inutile avec lui de se casser la tete a donner des explications: la
simple lecture du texte suffit a le renseigner; d'un coup de c
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