ous les jours
sur cette piste pour trotter ses chevaux.
Un jour, Toinon, qui n'avait consulte personne au sujet de ses droits
de faire pacager son cochon sur le chemin du roi, s'amena au bureau de
l'avocat de la Couronne pour exposer ses griefs qui etaient reels a son
avis et avoir une "consulte."
Apres les salutations d'usage, l'avocat lui demanda le motif de sa
visite, et voici l'histoire de Toinon:
--J'voudrais savoir si Barthelemy Lavigne a l'droit de tuer mon cochon,
parc'qu'y pacageait dans le chemin.
--Mais non, Toinon, il n'a pas le droit de tuer ton cochon. Conte-moi
comment c'est arrive et n'oublie aucune circonstance.
--Vous savez, en arrivant su'l'coteau, il s'est mis a pousser son
ch'val, pis mon cochon s'est mis a courir devant lui au p'tit trot--un
grand cochon maigre--pis Barthelemy a pousse su' l'cochon, pousse,
pousse, pousse, jusqu'a c'que l'cochon prenne l'epouvante; pis, en
arrivant cheux nous, y a voulu prend' la barriere, pis y a vire drette
en equerre.
Mais, M'sieu, y v'nait si vite qu'y s'est attrape l'fouillon su'
l'piquet et pis y s'est defouillonne nette, y avait pus yinq' l'ecuelle
en d'sour. Pis, comme de raison, y etait trop maigre pour le manger, et
j'perds tout.
--Comme ton animal etait errant sur la voie publique, il n'y a pas de
recours.
--C'est ben sacrant, la loi!
* * * * *
--Dors-tu, Joe?
--Non.
--Prete-moi donc ton buggy neuf pour la journee.
--J'dors.
LE BATTE-FEU A PONCE-PILATE
[Illustration]
Dans une municipalite du Comte de Montcalm, le grand chemin du roi
passait a travers une region tres accidentee, ou les cotes succedaient
aux cotes sans interruption. Les fardiers lourdement charges et tires
par de forts chevaux pouvaient a peine atteindre les sommets, et pour
descendre les versants c'etait tout un hariat qui faisait le desespoir
des charretiers et des rouliers. Les raidillons etaient tellement
nombreux que des plaintes s'eleverent de tous cotes et que le conseil de
comte fut saisi de l'affaire.
On decida de tracer une nouvelle route dans un endroit plus favorable.
Il n'y avait qu'une ravine peu profonde a traverser par ce chemin.
Les habitants dont les fermes bordaient l'ancienne route n'etaient pas
du tout satisfaits du changement.
Ils protesterent fortement, mais rien n'y fit. De la une poursuite et un
proces.
La cause fut entendue a Joliette. Mon ami Olaues Therien, alors depute de
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