cela.
La race egyptienne est une des plus belles du monde. La race arabe
aussi. Force, courage, probite: rien ne leur manque de ce qui
constitue la matiere premiere d'un grand peuple. Leur decheance
pourtant est seculaire et parait sans remede. Sans le joug et le
baton de l'Angleterre, elles tomberaient dans un pire esclavage.
Leurs qualites memes et leurs vertus ne servent qu'a rendre leur
abaissement plus visible et plus triste. Pourquoi? Tous les hommes
que j'ai interroges, catholiques ou libres penseurs, m'ont fait la
meme reponse: l'islam a condamne ces admirables races a la
sensualite et au fatalisme; voila la source de leur abaissement.
--Ah oui! la polygamie, ricanera M. Homais, s'il est sur que Mme
Homais ne peut l'entendre. He, he! il resterait a prouver qu'elle
n'est pas le signe et l'effet d'une civilisation superieure a la
notre ...
--Aux yeux des individus pour qui l'esclavage de la femme, extirpe
par le christianisme, est le dernier mot de la civilisation
veritable, la question ne fait pas de doute en effet ...
"Comment voulez-vous que les jeunes gens d'ici aient le respect de
la femme, me disait, en me racontant, a charge d'adolescents bien
nes, des faits de basse et crapuleuse debauche, un de mes amis du
Caire, quand ils ont vu leur mere, dans la maison paternelle, tenir
le rang d'une servante, tout au plus d'une intendante?" La polygamie
pourtant n'est pas ce qu'il y a de pire. C'est une forme inferieure
de la famille; ce n'est pas la manifestation la plus basse de la
sensualite. Elle n'existe plus guere que dans la moyenne bourgeoisie
et dans le peuple. Abd-El-Rahim, a vingt-cinq ans, a quatre enfants
de sa premiere femme. Il en prendra une deuxieme au printemps. Mes
piastres l'y aideront sans doute. Son pelerinage a La Mecque sera
encore retarde. Mais a cela pres. "Plus on a de femmes, me
confiait-il, mieux cela vaut." Les paysans et les riches citadins
rompent de plus en plus avec cette tradition venerable, mais
couteuse. Quand un fellah est fatigue de sa femme, il la repudie et
il en prend une autre. Dans les villes, les riches commencent a
trouver la debauche plus commode et moins cher. Vous voyez d'ici la
condition de la femme!
Pour le musulman, la mere, la soeur, l'epouse, au sens occidental du
mot, n'existent pas. Ce charme et cette douceur lui sont totalement
inconnus. La femme est la femme, rien de plus. L'amour, la vie a
deux, le compagnonnage, pour toute l'existence, de l'esprit
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