de pretresse du progres universel.
Ce passage, fort applaudi par miss Ellen, fut suivi d'un instant de
repit, pendant lequel Josuah tira, enfin, une seconde edition de the des
flancs bouillants du samowar.
Mais la conference n'etait pas terminee.
Les observations de mistress Josuah lui permettaient d'affirmer qu'en
raison d'une sorte de virilite de son intelligence, l'espece savante
femelle deborde de tendresse pour la gent congenere seulement dotee des
perfections natives.
--Nous vous aimons, cheres vierges folles, declarait-elle exaltee,
medecins pour vos maux, avocats pour vos droits, ecrivains, polemistes,
romancieres; c'est a votre seul profit que nous reclamons des reformes,
c'est en raison de vos miseres que nous accablons l'homme--epoux ou
seducteur--de nos eternelles maledictions...
Maintenant, grace au ciel, la conclusion etait tout indiquee.
--Ce que je propose, formula mistress Brog-Hill, c'est l'utilisation
de ce phenomene naturel, c'est la mise en pratique de cette sympathie.
L'une aime a donner le bonheur, que l'autre le recoive. Vivons ensemble
dans cette maison ou je serai le travail, ou vous serez la souverainete.
Donnons l'exemple d'une association d'ou l'homme sera irrevocablement
banni.
--Mais tout cela est delicieusement imagine, s'ecria miss Ellen dont
l'enthousiasme et la gaiete etaient au comble et qui, a son tour, inonda
de gin les tasses odorantes.
La bouteille commencait a sonner le vide.
--Vous consentez? demanda Josuah quand le grog fut absorbe.
--Ce serait folie de refuser!
--Votre affection egalera la mienne?
--Je vous trouve irresistiblement eloquente et convaincante.
--Vous jurez alliance loyale et fidele?
--Je le jure!
--Eh bien! je t'aime, tu m'as comprise, tu es celle que je revais,
proclama mistress Brog-Hill, s'elancant de l'autre cote de la table et
embrassant son amie qui s'abandonnait joyeusement a cette effusion.
--Oui, je t'aimerai comme une soeur, comme une enfant, et tu verras
bientot de quelle volonte je suis capable pour le triomphe de nos
principes...
Nous tutoyons ici, afin de traduire scrupuleusement le sens intime
des paroles de Josuah, car elle s'exprimait dans cette placide langue
anglaise ou l'on dit toujours "vous," meme en Amerique et meme quand
l'imagination titube a travers les eblouissements de l'alcool.
--Et maintenant, ma chere, dit Josuah, redevenue grave, je dois vous
quitter: il est l'heure de mon indispensable prom
|