giques, et par cela peut-etre
plus efficaces.
Un quart d'heure apres, il montait les trois etages de la grande caserne
de la Cite, et demandait a l'huissier de service d'etre admis aupres du
prefet de police pour affaire urgente. Comme a la prefecture toutes les
affaires sont urgentes, l'huissier se montra resistant: c'etait l'heure
du rapport, M. le prefet etait occupe.
Cependant, sur le vu de la carte du notaire, il voulut bien s'adoucir et
porter cette carte au prefet.
C'est un personnage qu'un notaire de Paris, qu'on ne traite pas comme le
premier venu.
Apres une grande demi-heure d'attente devant une immense glace, le
notaire fut enfin recu, et il put exposer sa demande.
Il avait pour cliente une jeune fille de onze ans, enfant naturelle,
nee de pere et de mere inconnus, a laquelle on avait legue une
belle fortune. Cette fortune tentait un aventurier, qui voulait la
reconnaitre.
--Ceci, interrompit le prefet, est du ressort de la justice.
--Mais derriere la reconnaissance il y a un chantage.
--Un chantage contre un enfant qui n'a ni pere ni mere n'est pas bien
dangereux.
--Mon aventurier ne reclame pas seulement la paternite de cette petite,
il pretend aussi lui imposer une mere; c'est-a-dire qu'il menace
une honnete femme de la compromettre dans un proces en recherche de
maternite.
--Mais la recherche de la maternite est admise par la loi; c'est affaire
au tribunal d'apprecier si cette femme est ou n'est pas la mere de cette
enfant.
--Elle ne l'est pas.
--Je vous crois, puisque vous me le dites, mais le role de la police
n'est pas de prevenir les proces et de se substituer a la justice.
--N'est-il pas de prevenir les scandales et d'etre une sorte de
Providence pour les familles.
--La Providence est toute-puissante, elle n'a rien ni personne au-dessus
d'elle; la police a les mains liees par la legalite, et quelquefois
aussi, nous pouvons le dire entre nous, par les journaux.
Il est evident que le prefet rechignait a s'occuper de cette affaire et
ne cherchait qu'a decourager le notaire.
--J'aurais voulu ne pas prononcer le nom des personnes menacees par ce
chantage.
--Je ne vous le demande pas, et je respecte vos scrupules
professionnels.
Si le prefet ne demandait pas ce nom, il etait certain, cependant, qu'il
l'attendait et qu'on n'obtiendrait rien de lui tant qu'on ne l'aurait
pas livre: il fallait que de tout son poids il pesat dans la balance.
--Je vous ai dit, conti
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