irardin me dit que je ne serai pas refusee. Donc, je m'enhardis,
monsieur, a vous demander de venir diner, avec lui et madame Arnould,
chez moi, vendredi prochain, a six heures. Quand je dis chez moi, c'est
une metaphore: je n'ai pas de chez moi a Paris; mais, pourvu qu'on dine
ensemble, vous me pardonnerez de vous traiter en artiste. C'est un
pretexte pour moi, je vous prie de le croire, et je vous prie de vouloir
bien en etre dupe, et de me dire _oui_.
GEORGE SAND.
De chez M. de Girardin.
CDI
AU MEME
Paris,
Je viens de remercier Theophile Gautier de son bon article, et je vous
remercie aussi du votre, cher monsieur[1]. Je passe par-dessus un
scrupule de conscience qui m'a toujours empechee de remercier la
_critique._ Mais, comme vous comprenez d'ou venait ce scrupule, vous
comprendrez egalement pourquoi il disparait vis-a-vis de vous.
Il y a une sotte fierte dont on est accuse par ceux qui n'en ont pas
d'autre; il y en a une vraie sur laquelle ne se meprennent pas les
caracteres eleves. C'est pourquoi je vous dis avec confiance que je me
sens encouragee par votre sympathie et que j'en suis reconnaissante.
Si la repetition generale de _Comme il vous plaira_ vous inspire un peu
d'interet, je serai reconnaissante aussi de vous y voir venir;
Bien a vous,
GEORGE SAND.
[1] Sur _Francoise_.
CDII
A MADAME AUGUSTINE DE BERTHOLDI, A BRINON-LES-ALLEMANDS, PAR CLAMECY
Paris, 13 avril 1856.
Chere fille, c'est moi qui te trouve oublieuse! sans Eugenie, je
n'aurais eu qu'une fois de tes nouvelles depuis ton retour a Brinon. Ce
n'est pas parce que je ne te reponds pas (tu sais trop la vie que je
mene ici) que tu fais bien de me laisser apprendre par les autres
comment tu te portes. Tu n'as que trop de temps pour ecrire, tu ecris
a tout le monde, tu fais meme des mariages, et, moi, tu me plantes la.
C'est donc toi, petite fille, qui es grondee, pour t'apprendre a me
grogner comme tu fais.
Quant au mariage en question, je crois qu'il est tres bien assorti
et qu'il sera heureux. Je l'ai appris avec grand plaisir, et je m'en
rejouis pour les deux familles.
Je ne sais si tu as revu les Girerd depuis leur voyage ici; ils
t'auraient dit, becasse, que je ne t'oubliais pas et que nous avions
enormement parle de toi.
Je t'ecris ce soir en revenant du Theatre-Francais. On vient dejouer mon
_Comme il vous plaira_, tire et imit
|