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l'evier, on boucha le trou de l'evier; mais le lendemain soir elles revinrent par un autre endroit, on ne sait d'ou. Il fallut avoir un chat expres pour les tuer, et toutes les nuits c'etait dans la cuisine une effroyable boucherie. Les babarottes me firent hair Lyon des le premier soir. Le lendemain, ce fut bien pis. Il fallait prendre des habitudes nouvelles; les heures des repas etaient changees.... Les pains n'avaient pas la meme forme que chez nous. On les appelait des "couronnes". En voila un nom! Chez les bouchers, quand la vieille Annou demandait une _carbonade_, l'etalier lui riait au nez; il ne savait pas ce que c'etait une "carbonade", ce sauvage!... Ah! je me suis bien ennuye. Le dimanche, pour nous egayer un peu, nous allions nous promener en famille sur les quais du Rhone, avec des parapluies. Instinctivement nous nous dirigions toujours vers le Midi, du cote de Perrache. "Il me semble que cela nous rapproche du pays", disait ma mere, qui languissait encore plus que moi.... Ces promenades de famille etaient lugubres. M. Eyssette grondait, Jacques pleurait tout le temps, moi je me tenais toujours derriere; je ne sais pas pourquoi, j'avais honte d'etre dans la rue, sans doute parce que nous etions pauvres. Au bout d'un mois, la vieille Annou tomba malade. Les brouillards la tuaient; on dut la renvoyer dans le Midi. Cette pauvre fille, qui aimait ma mere a la passion, ne pouvait pas se decider a nous quitter. Elle suppliait qu'on la gardat, promettant de ne pas mourir. Il fallut l'embarquer de force. Arrivee dans le Midi, elle s'y maria de desespoir. Annou partie, on ne prit pas de nouvelle bonne, ce qui me parut le comble de la misere.... La femme du concierge montait faire le gros ouvrage; ma mere, au feu des fourneaux, calcinait ses belles mains blanches que j'aimais tant embrasser; quant aux provisions, c'est Jacques qui les faisait. On lui mettait un grand panier sous le bras, en lui disant: "Tu acheteras ca et ca"; et il achetait ca et ca tres bien, toujours en pleurant, par exemple. Pauvre Jacques! il n'etait pas heureux, lui non plus. M. Eyssette, de le voir eternellement la larme a l'oeil, avait fini par le prendre en grippe et l'abreuvait de taloches.... On entendait tout le jour: "Jacques, tu es un butor! Jacques, tu es un ane!" Le fait est que, lorsque son pere etait la, le malheureux Jacques perdait tous ses moyens. Les efforts qu'il faisait pour retenir ses larmes le rendaient laid
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