tous nos soldats portent la
medaille de Marie, et avec elle ils se croient invulnerables devant les
balles ennemies!
LEFUTE (avec feu).
Bravo! sergent, touchez la, j'aime a vous entendre parler ainsi de notre
brave clerge et de notre belle religion!... car, malheureusement, dans
le metier des armes on ne trouve que trop d'incredules... Mais esperons
et croyons que la France, notre belle France sera toujours victorieuse!
LAVALEUR.
Ah! mon brave, c'est le voeu de tous les bons Francais... mais, moi
qui vous parle, j'aime bien la France, n'est-ce pas? Eh bien! j'ai
quelquefois des craintes pour l'avenir, et pourquoi?... Je vais vous le
dire, dussiez-vous vous moquer du vieux soldat... En 1846, on m'a dit
qu'une prediction avait ete faite par une sainte et pieuse personne,
que la France etait menacee d'une grande guerre qui la ruinerait, qui
l'humilierait, en un mot, que notre belle patrie serait envahie par une
nation etrangere et que cette nation serait la Prusse!... Eh bien! mes
amis, si cela devait arriver, ce serait la faute aux enfants de la
France, car malheureusement il faut bien se l'avouer, de pretendus
philosophes des ecrivains immoraux lancent parmi notre brillante
jeunesse, des feuilles impies, par malheur trop tolerees de
l'autorite!... Oui, la foi s'eteint!... Et s'il le faut!... Ah! mes
braves amis, je ne vais pas plus loin... car si la France un jour est
envahie par l'etranger... c'est que la main de Dieu se sera appesantie
sur elle!... Mais non!... la France est la fille ainee de l'Eglise et
ses enfants ne se montreront pas ingrats!... Tenez, eloignons de nous
ces pensees qui m'oteraient tout mon courage!... Allons, mes braves
amis... je vous quitte, je vais faire un tour au village et je
reviendrai dans quelques heures chercher nos jeunes recrues, et en
avant, le sac sur le dos... Au revoir...
(Il sort avec Tapin).
SCENE 2e
LES PRECEDENTS (hors Lavaleur et Tapin)
LEFUTE.
Comme ca mon cher Robert, tu es donc bien decide et bien content de
partir?
ROBERT.
Oui, M. Lefute, joyeux et content!... Quel bonheur de verser son sang
pour la patrie!... Quel plaisir de voir une belle et grande bataille!...
Tenez, les recits de ce brave sergent ont double mon courage.
JULIEN.
J'en connais un qui n'est pas si joyeux que toi, Robert.
LEFUTE
Ah! tu veux parler de mon filleul Criquet? Il est vrai que le pauvre
garcon fait une triste figure depuis qu'il a tire a la conscription
et qu'i
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