asade, les amis! hardi la!
Tous.
Bravo! bravo! Criquet!
(Ils boivent).
Reprise du choeur: La belle nuit, etc.
LEFUTE.
Voyez donc les amis, comme le costume militaire leur va bien... Ah!
sergent Lavaleur, il y a deux ans, vous nous l'aviez bien dit que nous
les trouverions changes... sapristi! ca rejouit le coeur!... Et cette
belle croix!... comme ca brille sur la poitrine... ca ne veut pas dire
qu'on est reste en arriere, ca, hein?
Tous (avec force).
Vive Robert! Vive Julien!
LAVALEUR.
Ah! ces deux-la, j'les avais juges d'avance au depart, et mille canons!
Lavaleur ne se trompe jamais au physique, ca s'voit dans les yeux...
Robert et Julien sont des soldats modeles!... je suis fier d'avoir
obtenu mon conge avec eux.
ROBERT.
Ma foi, M. Lefute, mes braves camarades et moi, nous sommes heureux de
vous revoir et ravis, enchantes de la cordiale reception que vous nous
faites.
JULIEN.
Je partage avec plaisir les memes sentiments que mon frere d'armes vient
de vous exprimer. Quant a vous, M. Lefute, je suis heureux de pouvoir
devant tous nos amis, vous remercier des soins que vous avez pris de ma
bonne mere: vous avez tenu noblement votre promesse! Soyez-en beni!
LEFUTE
Ah! Julien, je savais trop bien apprecier ton sacrifice!... Aujourd'hui
tout est fini, tu es de retour, mes voeux sont exauces! Le bonheur
est la!... Ta bonne vieille mere t'attend au village; encore quelques
instants et tu seras dans ses bras!... Elle pleurera... mais ce sera de
joie, en voyant son fils, son bon Julien, decore de l'etoile des braves!
ROBERT.
Oui, mes amis, noire Julien merite le bonheur, et a plus d'un titre;
j'en sais quelque chose, moi!
JULIEN.
Allons, allons, Robert, je t'en prie, tais-toi.
ROBERT (souriant).
Tais-toi donc toi-meme, monsieur le modeste... Ecoutez, mes amis, ce
petit episode de notre carriere militaire!... C'etait presque sous les
murs de Sebastopol; j'etais avec mes camarades, place en eclaireur
pendant la nuit... Le poste, croyez-le bien, n'etait pas tres agreable;
mais le devoir avant tout, le soldat ne sait qu'obeir... Donc, jusqu'a
dix heures, tout paraissait tranquille... quand, environ une demi-heure
apres, une vive fusillade se fait entendre du cote des remparts de
Sebastopol! Les balles pleuvaient comme la grele; nous n'etions pas
nombreux, 150 hommes a peu pres, et nos coups de fusil ne pouvaient
presque rien!... A la lueur des pots a feu lances par les Russes,
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