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aller au village!... Ah! quelle fete! quelle fete!... J'vas vous
chercher a boire. (Il sort en courant).
SCENE 6e
ROBERT, JULIEN.
JULIEN.
Quel bonheur, Robert, de nous revoir encore an pays!
ROBERT.
Oui, et surtout apres avoir tant trotte et avoir passe tant de nuits
sous la tente du champ de bataille!.. Oui, Julien, aujourd'hui c'est un
jour de bonheur.
JULIEN (allant a la fenetre et l'ouvrant).
Viens, viens, mon cher Robert, viens jouir d'une belle vue.
CHANT.
Voila, bien nos champs
Et nos coteaux et la prairie.
Souvenirs charmants!
Ah! que mon ame est attendrie!
Regarde, tout la-bas,
Ami, ne vois-tu pas
Le clocher de notre village i
Ah! des pleurs mouillent mon visage;
Pays, nos amours,
Nous voila pour toujours.
(ensemble).Pays, nos amours,
Nous voila pour toujours.
SCENE 6e
LES PRECEDENTS, CRIQUET (avec une cruche et trois gobelets)
Et moi aussi me vla, avec la bouteille et j'ai choisi la plus grande.
(Criquet emplit les verres, on boit).
JULIEN.
A present, mon cher Criquet, parle-moi de ma bonne mere: elle se porte
bien, n'est-ce pas? tu la voyais tous les jours, tu lui parlais de moi
et rien ne lui a manque pendant mon absence?
CRIQUET.
Oh! pour ca, Julien, j'te promets qu'parrain en a eu un soin!... mais un
soin!... alle etait comme un coq en pate, quoi!... Dame, aussi, c'est
qu'j'allais la voir tous les jours, c'te pauvr'vieille... et de quoi
qu'a m'parlait? toujours d'son Julien, mon p'tit Julien par ci, mon
p'tit Julien par la!... Mon Dieu, qu'a disait, s'il etait blesse!...
s'il etait tue... si... enfin, ben des choses... et pis, dame, alle
pleurait... moi, ca m'arrachait l'coeur et tout d'suite j'y donnais des
consolations... et pis d'autres fois, j'y contais des p'tites fariboles
et j'la faisais rire!
JULIEN.
Bonne mere!
CRIQUET.
Ah! ca, dites donc, les amis, a present qu'on s'est rafraichi, et en
attendant les autres avec parrain, car y vont v'nir, ben sur, pass'que
tout a l'heure, j'viens de dire au p'tit Piquelet qu'vous etiez arrives;
ah ben, fallait l'voir, il a pris ses jambes a son cou pour courir au
village... En attendant, toi, mon Robert, raconte-moi donc l'combat
d'une bataille, hein?
ROBERT.
Ca te ferait donc bien plaisir?
CRIQUET.
Ah! tiens, ca m'f'rait dresser les ch'veux par-dessus la tete.
JULIEN.
Ce pauvre Criquet... Raconte-lui donc la prise de Sebastopol.
CRIQUET.
Oui, oui, Rober
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