qui foules aux pieds tes ennemis,
daigne t' incarner dans le sein de ses trois epouses, belles comme la
deesse de la beaute." Narayana, le maitre, _non perceptible aux sens, mais
qui alors s' etait rendu_ visible, Narayana repondit cette parole
salutaire aux Dieux, qui i invitaient a cet _heroique avatara_. Quelle
chose, une fois revetu de cette incarnation, faudra-t-il encore que je
fasse pour vous, et de quelle part vient la terreur, qui vous trouble
ainsi? A ces mots du grand Vishnou: "C'est le demon Ravana, reprirent les
Dieux; c'est lui, Vishnou, cette desolation des mondes, qui nous inspire
un tel effroi. Enveloppe-toi d'un corps, humain, et qu'il te plaise
arracher du monde cette blessante epine; car nul autre que toi parmi les
habitants du ciel n'est capable d'immoler ce pecheur. _Sache que_
longtemps il s'est impose la plus austere penitence, et _que_ par elle il
s'est rendu agreable au supreme ayeul de toutes les creatures. Aussi le
distributeur ineffable des graces lui a-t-il accorde ce don insigne d'etre
invulnerable a tous les etres, l' homme seul excepte. Puisque, doue ainsi
de cette faveur, la mort terrible et sure ne peut venir a lui de nulle
autre part que de l'homme, va, dompteur _puissant_ de tes ennemis, va dans
la condition humaine, et tue-le. Car ce don, auquel on ne peut resister,
elevant au plus haut point l'ivresse de sa force, le vil rakshasa
tourmente les Dieux, les rishis, les Gandharvas, les hommes sanctifies par
la penitence; et, quoique, destructeur des sacrifices, lacerateur des
Saintes Ecritures, ennemi des brahmes, devorateur des hommes, cette faveur
incomparable sauve de la mort Ravana le triste fleau des mondes. Il ose
attaquer les rois, que defendant les chars de guerre, que remparent les
elephants: d'autres blesses et mis en fuite, sont dissipes ca et la devant
lui. Il a devore des saints, il a devore meme une foule d'apsaras. Sans
cesse, dans son delire, il s'amuse a tourmenter les sept mondes. Comme _on
vient de nous apprendre qu'_ il n'a point daigne parler d'eux ce jour, que
lui fut donnee cette faveur, _dont il abuse_, entre dans un corps humain,
o toi, qui peux briser tes ennemis, et jette sans vie a tes pieds, roi
puissant des treize Dieux, ce Ravana superbe, d'une force epouvantable,
d'un orgueil immense, l'ennemi de tous les ascetes, ce ver, _qui les
ronge_, cette cause de leurs gemissements."
_Ici, dans le premier tome du saint Ramayana_, Finit le quatorzieme
chapitre, nom
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