oique ces derniers les traitent
toujours avec mepris, comme etant d'une espece inferieure.--Ceux qui
tiennent des boutiques, vivent mediocrement, n'augmentent jamais leurs
affaires au-dela d'un certain point. La raison en est simple: quoique
partout on traite les noirs avec humanite, les blancs qui ont l'argent, ne
sont pas disposes a faire aux noirs des avances, telles qu'elles les
missent en etat d'entreprendre le commerce en grand; d'ailleurs, il faut
pour ce commerce quelques connoissances preliminaires, il faut faire un
noviciat dans un comptoir, et la raison n'a pas encore ouvert aux noirs la
porte du comptoir. On ne leur permet pas de s'y asseoir a cote des
blancs.--Si donc les noirs sont bornes ici a un petit commerce de detail,
n'en accusons pas leur impuissance, mais le prejuge des blancs, qui leur
donnent des entraves. Les memes causes empechent les moirs qui vivent a la
compagne d'avoir des plantations etendues; celles qu'ils cultivent sont
bornees, mais generalement assez bien cultivees: de bons habits, _une log
house_, ou maison de bois en bon etat, des enfans plus nombreux les font
remarquer des Europeens voyageurs, et l'oeil du philosophe se plait a
considerer ces habitations, ou la tyrannie ne fait point verser de pleurs.
Dans cette partie de l'Amerique, les noirs sont certainement heureux; mais
ayons le courage de l'avouer, leur bonheur et leurs talens ne sont pas
encore au degre ou ils pourroient atteindre.--Il existe encoure un trop
grand intervalle entre eux et les blancs, sur-tout dans l'opinion publique,
et cette difference humiliante arrete tous les efforts qu'ils feroient pour
s'elever. Cette difference se montre par-tout. Par exemple, on admet les
noirs aux ecoles publiques; mais ils ne peuvent franchir le seuil d'un
college. Quoique libres, quoique independans, ils sont toujours eux-memes
accoutumes a se regarder comme au-dessous du blanc; il y a des droits
qu'ils n'out pas.[2] Concluons de la qu'on jugeroit mal de l'etendue, de la
capacite des noirs, en prenant pour base celle des noirs libres dans les
etats du nord.
Mais quand on les compare aux noirs, esclaves des etats du midi, quelle
prodigieuse difference les separe! Dans le midi, les noirs sont dans un
etat d'abjection et d'abrutissement difficile a peindre. Beaucoup sont
nuds, mal nourris, loges dans de miserables huttes, couches sur la
paille.[3] On ne leur donne aucune education; on ne les instruit dans
aucune religion; on ne les mar
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