x truies, et que chaque
truie en met bas six autres la premiere annee, et qu'elles multiplient dans
la meme proportion jusqu'a, l' fin de la huiteme annee: combien alors de
truies aura le laboureur, s'il n'en perd aucune? Le vieillard repondit en
dix minutes, 34,588,806.
La longueur du temps ne fut occasionee que parce qu'il n'avoit pas d'abord
compris la question.
Apres avoir satisfait a toutes les questions, il raconta l'origine et les
progres de son talent en arithmetique.--Il compta a'abord jusqu'a 10, puis
100; et s'imaginoit alors, disoit-il, etre un habile homme. Ensuite il
s'amusa a compter tous les grains d'un boisseau de ble, et successivement
il sut compter le nombre de rails ou morceaux de bois necessaires pour
enclore un champ d'une telle etendue, ou de grains necessaires pour le
semer.--Sa maitresse avoit tire beaucoup d'advantages de son talen; il ne
parloit d'elle qu'avec la plus grande reconnoissance, parce qu'elle ne
l'avoit jamais voulu vendre, malgre les offres considerables qu'on lui
avoit faites pour l'acheter.--Sa tete commencoit a foiblir.--Un des
Americains lui ayant dit que c'etoit dommage qu'il n'eut pas recu de
l'education: Non, maitre, dit-il; il vaut mieux que je n'aie rien appris,
car bien des savans ne sont que des sots.
Ces exemples prouveront, sans doute, que la capacite des negres peut
s'etendre a tout; ils n'ont besoin que d'instruction et de liberte.--La
difference qui se remarque entre ceux qui sont libres et instruits et les
autres, se montre encore dans leurs travaux.--Les terres qu'habitent et les
blancs et les noirs, soumis a ce regime, sont infiniment mieux cultivees,
produisent plus abondamment, offrent par-tout l'image de l'aisance et du
bonheur; et tel est, par exemple, l'aspect du Connecticut et de la
Pensylvanie.--Passez dans le Maryland ou la Virginie, encore une fois, vous
croyez etre dans un autre monde. Ce ne sont plus des plaines bien
cultivees, des maisons de campagne, propres et meme elegantes, des vastes
granges bien distribuees; ce ne sont plus des troupeaux nombreux de
bestiaux gras et vigoureux: non, tout dans le Maryland et la Virginia,
porte l'empreinte de l'esclavage; sol brule, culture mal entendue, maisons
delabrees, bestiaux petits et peu nombreux, cadavres noirs ambulans; en un
mot, vous y voyez une misere reelle a cote de l'apparence du luxe.
On commence a s'appercevoir, meme dans les etats meridionaux, que nourrir
mal un exclave est une chetive e
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