conomie, et que le fonds place dans
l'esclavage ne rend pas son interet. C'est peut-etre plus a cette
consideration, plus encore a l'impossibilite pecuniaire de recruter; c'est
plus, dis-je, a ces considerations qu'a l'humanite, qu'on doit
l'introduction du travail libre dans une partie de la Virginie, dans celle
qui avoisine la belle riviere de la Shenadore. Aussi croiroit-on, en la
voyant, voir encore la Pensylvanie.
Osons l'esperer, tel sera un jour le sort de la Virginie, quand elle ne
sera plus souillee par l'esclavage; et ce terme n'est peut-etre pas
eloigne. Il n'y a des esclaves que parce qu'on les croit necessaires a la
culture du tabac, et cette culture decline tous les jours et doit decliner.
Le tabac, qui se ciiltive pres de l'Ohio et du Mississippi, est infiniment
plus abondant, de meilleure qualite, exige moins de travaux. Quand ce tabac
se sera ouvert le chemin de l'Europe, les Virginiens seront obliges de
cesser sa culture, et de demander a la terre du ble, des pommes de terre,
de faire des prairies et d'elever des bestiaux. Les Virginiens judicieux
prevoient cette revolution, l'anticipent, et se livrent a la culture du
ble.--A leur tete, on doit mettre cet homme etonnant, qui, general adore,
eut le courage d'etre republican sincere; qui, couvert de gloire, seul, ne
s'en souvient plus; heros dont la destinee unique sera d'avoir sauve deux
fois sa patrie, de lui ouvrir le chemin de la prosperite, apres avoir
ouvert celui de la liberte. Maintenant _entierement_ occupe[6] du soin
d'ameliorer ses terres, d'en varier le produit, d'ouvrir des routes, des
communications, il donne a ses compatriotes un exemple utile, et qui sans
doute sera suivi. Il a cependant, dois-je, le dire? une foule nombreuse
d'esclaves noirs.--Mais ils sont traites avec la plus grande humanite. Bien
nourris, bien vetus, n'ayant qu'un travail modere a faire, ils benissent
sans cesse le maitre que le Ciel leur a donne.--Il est digne sans doute
d'une ame aussi elevee, aussi pure, aussi desinteresse, de commencer la
revolution en Virginie, d'y preparer l'affranchissement des negres.--Ce
grand homme, lorsque j'eus le bonheur de l'entretenir, m'avoua qu'il
admiroit tout ce qui se faissoit dans les autres etats, qu'il en desiroit
l'extension dans son propre pays; mais il ne me cacha pas que de nombreux
obstacles s'y opposoient encore, qu'il seroit dangereux de heurter de front
un prejuge qui commencoit a diminuer.--Du temps, de la patience, des
|