t se montrer
bien ennemi de cette abolition.
Cependant l'obstacle presente par les citoyens de New-Yorck, est moins
difficile a vaincre. En admenttant le principe de la necessite d'un
dedommagement donne aux maitres pour les negres a affranchir, et en
evaluant chaque negre a cent trente dollars, la somme totale ne serait que
de trois millions de dollars.
Ce prix serait encore susceptible de reduction, par le puissant motif
d'interet et d'honneur public auquel chaque membre de la societe doit faire
des sacrifices.
La question de la propriete des enfans a naitre ne tiendrait pas a un
quart-d'heure de discussion, si elle etait agitee devant la legislature;
enfin cet affranchissement qui ne devrait etre fait que par degres,
couterait a l'Etat des sacrifices moins grands encore, et dont la
succession les rendrait presqu'imperceptibles aux finances de l'Etat, qui
ne pourraient d'ailleurs avoir un plus saint emploi.
A New-Yorck comme ailleurs, l'affranchissement des negres doit avoir pour
but le bonheur de l'Etat, son bon ordre, le bonheur meme des negres qu'on
veut affranchir. Un affranchissement trop prompt, trop subitement general,
manquerait ces differens buts de premiere necessite. Je ne repeterai pas
ici ce que j'ai dit ailleurs a cet egard, et ce que tant d'autres ont dit
avant moi. La depense pour l'Etat serait donc reduite a de bien petites
sommes, en les comparant avec l'utilite et le devoir de cette operation.
Mais tant que l'Etat de New-Yorck, entoure des exemples du Connecticut, du
Massachusetts et de Pensylvanie, ne fait rien qui conduise a cette
liberation, tant qu'il semble approuver par le silence ou les refus de sa
legislature, la permanence de l'esclavage, il laisse sa constitution et ses
loix fletries d'une tache que l'on peut, sans exageration, dire
deshonorante, puisqu'elle ne peut etre excusee, ni palliee, par aucune des
circonstances ou se trouve cet Etat.
L'importation dans l'Etat de New-Yorck d'esclaves etrangers est prohibee
par la meme loi qui confirme l'esclavage de ceux qui y existaient a
l'epoque ou elle a ete rendue; ainsi cette disposition de la loi, et la
maniere douce dont sont traites les esclaves en general, confirment dans
l'opinion que l'interet pecuniaire, plus qu'une veritable approbation de
l'esclavage empeche la legislature de New-Yorck, de proceder a cet egard
avec la justice et les lumieres qui dirigent generalement ses
deliberations.--"_Voyage dans Les Etats-Unis D'Ameriq
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