a son laboratoire. Mais
il n'y resta pas plus de deux heures, et, aussitot qu'il en fut sorti,
il parcourut la maison pour chercher Charles et pour savoir ou il en
etait.
Il en etait a planter des clous dans le chapeau numero un.
Au lieu de s'emporter, le brave homme contempla en philosophe le petit
garcon qui devait etre desormais le sujet de ses experiences. L'adresse
de l'enfant, sa dexterite, son attention profonde confirmerent le
chimiste dans ses idees et dans ses intentions.
Le clou du centre, le plus difficile de tous, une fois bien et dument
enfonce, Charles poussa un soupir de soulagement, passa le dos de sa
main sur son front et regarda autour de lui.
Le premier objet qui frappa ses regards, ce fut la personne de l'oncle
Klipmann. Quoique l'oncle Klipmann n'eut point l'air d'un croquemitaine,
Charles tressaillit et s'ecria, en laissant tomber son marteau:
"Oh! mon oncle, qu'est-ce que j'ai fait la?
--L'as-tu fait par mechancete et pour m'etre desagreable? demanda
l'oncle Klipmann.
--Oh! pour cela, non, mon oncle. Je ne sais pas comment tout cela m'est
venu en tete. Je vous jure que....
--Ta parole me suffit, reprit l'oncle Klipmann. Maintenant convenons
entre nous que ce coffre aurait meilleur air si tu y avais fait moins
de trous et enfonce moins de clous. Convenons que, s'il te fallait
absolument enfoncer des clous dans un chapeau, tu aurais mieux fait
de choisir le numero deux: et puis, n'en parlons plus; seulement,
promets-moi de te mieux surveiller a l'avenir.
--Oh! mon oncle, je vous le promets.
-Je sais que tu tiens toujours tes promesses. Assez sur ce sujet.
--Pardonnez-moi, mon oncle.
--Mon neveu, je te pardonne. La preuve, c'est que je vais t'emmener
faire un petit tour de promenade avec moi. Dis a Francoise de te refaire
ta toilette. En l'attendant, je vais...."
Il allait dire: "Je vais donner un coup de brosse au chapeau numero
deux". Mais il jugea inutile d'ajouter a la confusion de Charles, et il
s'en alla en se disant a lui-meme: "Occupons-nous maintenant de creuser
ce canal".
Une demi-heure apres, l'oncle et le neveu s'en allaient les meilleurs
amis du monde. Quand il n'etait pas enseveli dans ses recherches,
l'oncle Klipmann etait un homme tres fin et tres adroit. Il se mit a
parler avec Charles de toutes sortes de sujets, et, au fur et a mesure,
notait avec soin ses reponses, sans en avoir l'air.
Quand ils furent devant la boutique de l'horloger Brisson, l'
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