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confiance!
La Republique est conquise, elle est assuree, nous y perirons tous
plutot que de la lacher. Le gouvernement est compose d'hommes excellents
pour la plupart, tous un peu incomplets et insuffisants a une tache qui
demanderait le genie de Napoleon et le coeur de Jesus. Mais la reunion
de tous ces hommes qui ont de l'ame ou du talent, ou de la volonte,
suffit a la situation. Ils veulent le bien, ils le cherchent, ils
l'essayent. Ils sont domines sincerement par un principe superieur a la
capacite individuelle de chacun, la volonte de tous, le droit du peuple.
Le peuple de Paris est si bon, si indulgent, si confiant dans sa cause
et _si fort_, qu'il aide lui-meme son gouvernement.
La duree d'une telle disposition serait l'ideal social. Il faut
l'encourager. D'un bout de la France a l'autre, il faut que chacun aide
la Republique et la sauve de ses ennemis. Le desir, le principe, le
voeu fervent des membres du gouvernement provisoire est qu'on envoie
a l'Assemblee nationale des hommes qui representent le peuple et dont
plusieurs, le plus possible, sortent de son sein.
Ainsi, mon ami, vos amis doivent y songer et tourner les yeux sur vous
pour la deputation. Je suis bien fachee de ne pas connaitre les gens
influents de notre opinion dans votre ville. Je les supplierais de
vous choisir et je vous commanderais, au nom de mon amitie maternelle,
d'accepter sans hesiter. Voyez: _faites agir;_ il ne suffit pas de
_laisser agir_. Il n'est plus question de vanite ni d'ambition comme on
l'entendait naguere. Il faut que chacun fasse la manoeuvre du navire et
donne tout son temps, tout son coeur, toute son intelligence, toute sa
vertu a la Republique. Les poetes peuvent etre, comme Lamartine, de
grands citoyens. Les ouvriers ont a nous dire leurs besoins, leurs
inspirations. Ecrivez-moi vite qu'on y pense et que vous le voulez. Si
j'avais la des amis, je le leur ferais bien comprendre.
Je repars pour Paris dans quelques jours probablement, pour faire soit
un journal, soit autre chose. Je choisirai le meilleur instrument
possible pour accompagner ma chanson. J'ai le coeur plein et la tete en
feu.
Tous mes maux physiques, toutes mes douleurs personnelles sont oubliees.
Je vis, je suis forte, je suis active, je n'ai plus que vingt ans.
Je suis revenue ici aider mes amis, dans la mesure de mes forces, a
revolutionner le Berry, qui est bien engourdi. Maurice s'occupe de
revolutionner la commune, chacun fait ce qu'il
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