recevras incessamment le bref.
-- O mon roi!
-- Ne crains qu'une chose, Henri, la guerre civile. Mais en
restant converti, tu l'evites, car le parti huguenot n'a
consistance qu'a la condition que tu te mettras a sa tete, et
M. de Conde n'est pas de force a lutter contre toi. La France est
un pays de plaine, Henri, par consequent un pays catholique. Le
roi de France doit etre le roi des catholiques et non le roi des
huguenots; car le roi de France doit etre le roi de la majorite.
On dit que j'ai des remords d'avoir fait la Saint-Barthelemy; des
doutes, oui; des remords, non. On dit que je rends le sang des
huguenots par tous les pores. Je sais ce que je rends: de
l'arsenic, et non du sang.
-- Oh! Sire, que dites-vous?
-- Rien. Si ma mort doit etre vengee, Henriot, elle doit etre
vengee par Dieu seul. N'en parlons plus que pour prevoir les
evenements qui en seront la suite. Je te legue un bon parlement,
une armee eprouvee. Appuie-toi sur le parlement et sur l'armee
pour resister a tes seuls ennemis: ma mere et le duc d'Alencon.
En ce moment, on entendit dans le vestibule un bruit sourd d'armes
et de commandements militaires.
-- Je suis mort, murmura Henri.
-- Tu crains, tu hesites, dit Charles avec inquietude.
-- Moi! Sire, repliqua Henri; non, je ne crains pas; non, je
n'hesite pas; j'accepte.
Charles lui serra la main. Et comme en ce moment sa nourrice
s'approchait de lui, tenant une potion qu'elle venait de preparer
dans une chambre voisine, sans faire attention que le sort de la
France se decidait a trois pas d'elle:
-- Appelle ma mere, bonne nourrice, et dis aussi qu'on fasse venir
M. d'Alencon.
XXXIV
Le roi est mort: vive le roi!
Catherine et le duc d'Alencon, livides d'effroi et tremblants de
fureur tout ensemble, entrerent quelques minutes apres. Comme
Henri l'avait devine, Catherine savait tout et avait tout dit, en
peu de mots, a Francois. Ils firent quelques pas et s'arreterent,
attendant.
Henri etait debout au chevet du lit de Charles.
Le roi leur declara sa volonte.
-- Madame, dit-il a sa mere, si j'avais un fils, vous seriez
regente, ou, a defaut de vous, ce serait le roi de Pologne, ou, a
defaut du roi de Pologne enfin, ce serait mon frere Francois; mais
je n'ai pas de fils, et apres moi le trone appartient a mon frere
le duc d'Anjou, qui est absent. Comme un jour ou l'autre il
viendra reclamer ce trone, je ne veux pas qu'il trouve a sa place
un homme qui puisse,
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