ns grandes de leurs bords. J'ai fait voir qu'elles
sont produites par des debris qui du haut des montagnes, roulent sur le
glacier, et qui entraines par la glace sur laquelle ils reposent suivent
comme elle une direction oblique en descendant tout-a-la-fois vers le
milieu et vers le bas de la vallee.
"Dix minutes apres, nous traversames une seconde arrete plus haute que
la premiere, et nous jugeames que sous ces debris la glace etoit de 20
ou 25 pieds plus elevee que dans les endroits ou l'air et les rayons du
soleil agissent librement sur elle. On rencontre une troisieme arrete a
vingt minutes de la seconde, et la quatrieme, qui est la derniere, la
suit de tres-pres.
"Ici nous nous trouvons au point ou le glacier des bois se divise, comme
je l'ai dit, Sec. 611, en deux grandes branches, dont l'une tourne a droite
vers le Mont-Blanc, et prend le nom de glacier de _Tacul_, et l'autre
a gauche se nomme le glacier de _Lechaud_. Il seroit, sans doute, plus
interessant de suivre celle de la droite, et de s'approcher ainsi du
Mont-Blanc; ses pentes de neige et de glace, qui se presentent a nous,
semblent meme n'etre point absolument inaccessibles: mais ce sont des
apparences trompeuses; des glaciers entrecoupes de profondes crevasses
masquees ca et la par des couches minces de neige les approches de cette
redoutable montagne, quoique peut-etre en choisissant une annee ou il
seroit tombe beaucoup de neige, et en prenant le temps ou cette neige
seroit encore ferme, quelque chasseur adroit et courageux pourroit
tenter cette route.
"Comme dans ce moment cette entreprise est absolument impraticable, nous
suivons la branche gauche de la vallee, et apres deux heures de marche
sur le glacier des bois, nous en sortons au pied de celui du Talefre,
c'est-a-dire, a l'endroit ou celui-ci vient verser sa glace dans
celui-la qui a change de nom, et qui s'appelle ici le _glacier de
Lechaud_.
"La vue du glacier du Talefre est ici majestueuse et terrible. Comme la
pente par laquelle il descend est extremement rapide, les glacons se
pressant mutuellement, se dressent, se relevent, et presentent des
tours, des pyramides diversement inclinees, qui semblent pretes a
ecraser le voyageur temeraire qui oseroit s'en approcher.
"Pour parvenir au sommet de ce glacier, ou il est moins incline et par
cela meme moins inegal, nous gravissons le rocher qui est a la gauche du
cote du couchant. Ce rocher se nomme _le Couvercle_; il est domine par
un
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