as, par exemple, c'est que certaines femmes
qui connaissent si bien l'irresistible seduction des bas de soie fins
et brodes, et le charme exquis des nuances, et l'ensorcellement des
precieuses dentelles cachees dans la profondeur des toilettes intimes,
et la troublante saveur du luxe secret, des dessous raffines, toutes
les subtiles delicatesses des elegances feminines, ne comprennent
jamais l'irresistible degout que nous inspirent les paroles deplacees
ou niaisement tendres.
Un mot brutal, parfois, fait merveille, fouette la chair, fait bondir
le coeur. Ceux-la sont permis aux heures de combat. Celui de Cambronne
n'est-il pas sublime? Rien ne choque qui vient a temps. Mais il faut
aussi savoir se taire, et eviter en certains moments les phrases a la
Paul de Kock.
Et je t'embrasse passionnement, a condition que tu ne diras rien.
RENE.
UNE AVENTURE PARISIENNE
Est-il un sentiment plus aigu que la curiosite chez la femme? Oh!
savoir, connaitre, toucher ce qu'on a reve! Que ne ferait-elle pas
pour cela? Une femme, quand sa curiosite impatiente est en eveil,
commettra toutes les folies, toutes les imprudences, aura toutes les
audaces, ne reculera devant rien. Je parle des femmes vraiment
femmes, douees de cet esprit a triple fond qui semble, a la surface,
raisonnable et froid, mais dont les trois compartiments secrets sont
remplis: l'un d'inquietude feminine toujours agitee; l'autre, de
ruse coloree en bonne foi, de cette ruse de devots, sophistique et
redoutable; le dernier enfin, de canaillerie charmante, de tromperie
exquise, de delicieuse perfidie, de toutes ces perverses qualites qui
poussent au suicide les amants imbecilement credules, mais ravissent
les autres.
Celle dont je veux dire l'aventure etait une petite provinciale,
platement honnete jusque-la. Sa vie, calme en apparence, s'ecoulait
dans son menage, entre un mari tres occupe et deux enfants, qu'elle
elevait en femme irreprochable. Mais son coeur fremissait d'une
curiosite inassouvie, d'une demangeaison d'inconnu. Elle songeait a
Paris, sans cesse, et lisait avidement les journaux mondains. Le recit
des fetes, des toilettes, des joies, faisait bouillonner ses desirs;
mais elle etait surtout mysterieusement troublee par les echos pleins
ne sous-entendus, par les voiles a demi souleves en des phrases
habiles, et qui laissent entrevoir des horizons de jouissances
coupables et ravageantes.
De la-bas elle apercevait Paris dans une apotheose
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