femme--libre. J'allais prendra un engagement d'un
autre cote, vous me demandez la preference. Je vous la donnerai... a
prix egal.
--Je ne comprends pas.
--Je m'explique. Suis-je aussi bien que vos cocottes? Soyez franc.
--Mille fois mieux.
--Mieux que la mieux?
--Mille fois.
--Eh bien, combien vous a-t-elle coute, la mieux, en trois mois?
--Je n'y suis plus.
--Je dis: combien vous a coute, en trois mois, la plus charmante de vos
maitresses, en argent, bijoux, soupers, diners, theatre, etc., entretien
complet, enfin?
--Est-ce que je sais, moi?
--Vous devez savoir. Voyons un prix moyen, modere. Cinq mille francs par
mois: est-ce a peu pres juste?
--Oui... a peu pres.
--Eh bien, mon ami, donnez-moi tout de suite cinq mille francs et je
suis a vous pour un mois, a compter de ce soir.
--Vous etes folle.
--Vous le prenez ainsi; bonsoir.
_La comtesse sort, et entre dans sa chambre a coucher. Le lit est
entr'ouvert. Un vague parfum flotte, impregne les tentures_.
_Le comte apparaissant a la porte:_
--Ca sent tres bon, ici.
--Vraiment?... Ca n'a pourtant pas change. Je me sers toujours de peau
d'Espagne.
--Tiens, c'est etonnant... ca sent tres bon.
--C'est possible. Mais vous faites-moi le plaisir de vous en aller parce
que je vais me coucher.
--Marguerite!
--Allez-vous-en!
_Il entre tout a fait et s'assied dans un fauteuil._
_La comtesse_:--Ah! c'est comme ca. Eh bien, tant pis pour vous.
_Elle ote son corsage de bal lentement, degageant ses bras nus et
blancs. Elle les leve au-dessus de sa tete pour se decoiffer devant la
glace; et, sous une mousse de dentelle, quelque chose de rose apparait
au bord du corset de soie noire._
_Le comte se leve vivement et vient vers elle._
_La comtesse_:--Ne m'approchez pas, ou je me fache!...
_Il la saisit a pleins bras et cherche ses levres._
_Alors, elle, se penchant vivement, saisit sur sa toilette un verre
d'eau parfumee pour sa bouche, et, par-dessus l'epaule, le lance en
plein visage de son mari._
_Il se releve, ruisselant d'eau, furieux, murmurant:_
--C'est stupide.
--Ca se peut...Mais vous savez mes conditions: Cinq mille francs.
--Mais ce serait idiot!...
--Pourquoi ca!
--Comment, pourquoi? Un mari payer pour coucher avec sa femme!...
--Oh!... quels vilains mots vous employez!
--C'est possible. Je repete que ce serait idiot de payer sa femme, sa
femme legitime.
--Il est bien plus bete, quand on
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