en a la vaillance, et
qui avait une presence d'esprit tout a fait rare dans la chaleur des
combats. Il a tenu ferme, a la tete de vingt-six hommes seulement,
contre deux cents Onnontagherons, combattant depuis le matin jusques a
trois heures de l'apres-midi, quoique la partie fut si peu egale... Il
leur a souvent fait lacher prise, les repoussant des postes avantageux
et meme des redoutes dont ils s'etaient empares, et a justement merite
la louange d'avoir sauve Montreal et par son bras et par sa reputation.
Aussi a-t-on juge a propos de tenir sa mort cachee aux ennemis de peur
qu'ils n'en tirassent un avantage."
Tel est l'eloge que le R.P. Hierosme Lalemant fait du major Lambert
Closse dans la _Relation_ de 1662 en annoncant sa mort qu'il signale
comme une "perte notable" pour Montreal. "Cet eloge," ajoute le reverend
pere, "nous le devions a sa memoire puisque Montreal lui doit la vie."
Il est donc de simple justice que nous placions Lambert Closse dans
cette premiere serie "des Illustrations canadiennes," puisque a tous ses
autres merites s'ajoute le plus grand de tous: avoir sauve la vie de
Montreal. Sauver Montreal a cette epoque de guerres incessantes et
d'attaques furieuses des sauvages, c'etait par cela meme sauver la
Nouvelle-France tout entiere, car Montreal en etait le rempart le plus
puissant, En completant donc l'eloge du R.P. Lalemant nous pouvons dire
en toute verite que Montreal et la Nouvelle-France doivent leur salut au
brave major Lambert Closse.
Lambert Closse qui naquit a Saint-Denis de Mourguer, dans le diocese
de Treves, avait accompagne M. de Maisonneuve, lors de la fondation
de Villemarie. Son but, comme celui de la plupart de ses compagnons,
n'etait pas de conquerir des terres ou d'exploiter les richesses de ces
pays nouveaux, mais de gagner a Dieu les habitants idolatres, et de
payer de tout son sang l'etablissement de la foi catholique dans
ces regions ou n'avaient regne jusqu'alors que les plus abjectes
superstitions.
Cet heroique chretien avait bien reellement fait le sacrifice de sa vie
pour son Dieu; ce genereux dessein lui tenait tellement au coeur qu'a
tous ceux qui l'exhortaient a la prudence, et lui disaient qu'il se
ferait tuer, vu la facilite avec laquelle il s'exposait partout pour le
service du pays, il repondait toujours: "Messieurs, je ne suis venu ici
qu'afin d'y mourir pour Dieu en le servant dans la profession des armes;
_si je n'y croyait mourir_, je quitterais le pa
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