gues.
Les Francais avaient amene de France quelques dogues pour veiller, a
leur maniere, a la surete du fort. "Ces chiens faisaient tous les matins
une grande ronde pour decouvrir les ennemis et allaient ainsi sous la
conduite d'une chienne nommee Pilotte. L'experience de tous les jours
avait fait connaitre a tout le monde cet instinct admirable que Dieu
donnait a ces animaux pour nous garantir--c'est M. Dollier de Casson qui
parle--de quantite d'embuscades que les Iroquois nous faisaient partout,
sans qu'il nous fut possible de nous en garantir, si Dieu n'y eut pourvu
par ce moyen." Le P. J. Lalemant, dans la _Relation_ de 1647, parle lui
aussi de l'instinct merveilleux et providentiel de ces dogues. "Il y
avait dans Montreal, dit-il, une chienne qui jamais ne manquait d'aller,
tous les jours, a la decouverte conduisant ses petits avec elle; et si
quelqu'un d'eux faisait le retif, elle le mordait pour le faire marcher.
Bien plus: si l'un d'eux retournait au milieu de sa course, elle se
jetait sur lui, comme par chatiment au retour. Si elle decouvrait dans
ses recherches quelques Iroquois, elle tirait court, tirant droit au
fort en aboyant et donnant a connaitre que l'ennemi n'etait pas loin."
Or le 14 octobre 1652, les chiens firent entendre de nombreux aboiements
signalant la presence de l'ennemi, qui devait se trouver du cote ou
regardaient ces intelligents animaux. Le major Lambert Closse, qui etait
toujours sur pied dans toutes les occasions, eut l'honneur d'etre charge
par M. des Musseaux, d'aller a la decouverte. Il partit aussitot avec
vingt-quatre soldats se dirigeant vers l'endroit qu'indiquaient les
chiens. Il detacha en avant-garde trois de ses soldats: La Lochetiere,
Baston et un autre avec l'ordre de s'arreter en un lieu qu'il leur
designe. La Lochetiere, emporte par son courage, depasse ce lieu, et,
pour decouvrir plus aisement l'ennemi, monte sur un arbre, afin de voir
si les Iroquois ne se trouvaient pas dans un bas-fond. Il y en avait
tout pres de cet arbre. Des que La Lochetiere y fut monte, ils poussent
d'abord leurs huees ordinaires, puis font une decharge qui tue La
Lochetiere, mais non pas assez vite pour qu'il ne puisse d'un coup
de son arquebuse tuer lui aussi un des Iroquois. Les deux autres
eclaireurs, comprenant le danger et craignant d'etre enveloppes, se
retirent et subissent de furieuses decharges auxquelles ils echappent
sains et saufs.
Lambert Closse se prepare a une energique defen
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