se contre cet ennemi,
comme toujours tres superieur en nombre. On tient ferme pendant quelque
temps, mais on allait etre investi de toute part par deux cents Iroquois
quand un brave habitant, Louis Prudhomme, qui se trouvait dans une
petite maison, crie au major de se retirer au plus vite s'il ne veut
etre enveloppe. Closse se retourne, et voit le peril extreme dans lequel
on se trouve, car les Iroquois environnent deja sa petite troupe et meme
la maison ou se trouve Prudhomme. Le salut, si salut il peut y avoir,
est dans cette maison; a tout prix, il faut s'y refugier. Il commande
donc a sa petite troupe de forcer les Iroquois et d'arriver a la maison
coute que coute. Cet ordre est execute avec tant d'audace et d'elan que
les Francais, apres avoir rompu les lignes de leur ennemis, peuvent
gagner ce refuge. Des qu'ils y sont entres, ils se mettent tous a percer
des meurtrieres, d'ou ils dirigent un feu nourri sur les sauvages.
Ceux-ci presses autour de la maison qu'ils entourent de toute part,
ripostent vigoureusement; leurs balles passent au travers des murs
de cette bicoque, construite tres legerement, et l'une d'elles vient
blesser et mettre hors de combat un des assieges, Laviolette. Ce fut une
perte sensible pour cette troupe deja si peu nombreuse, car Laviolette,
un des plus beaux soldats de Montreal, s'etait toujours montre tres
courageux et invincible. Les assieges ne sont cependant pas abattus,
ils continuent a faire des decharges meurtrieres qui, des le debut,
renversent par terre un grand nombre d'Iroquois, les mettant dans un
grand embarras, car selon leur coutume, ils ne voulaient pas abandonner
leurs morts, et ils ne savaient comment les enlever, car chaque ennemi
qui s'approchait etait recu par une terrible decharge. Le feu continue
avec la plus grande vigueur, tant qu'on a des munitions; mais bientot
elles viennent a manquer car on ne s'etait pas approvisionne pour
soutenir un siege.
La position de nos braves devient des plus critiques; il faut ou se
rendre a discretion a ces cruels Iroquois, ou se precipiter au milieu
d'eux et mourir les armes a la main. Le major Closse a la charge
de cette petite armee, et doit tout faire pour la sauver, et ne
s'abandonner lui et les siens que lorsque tous les moyens, tous les
expedients auront ete epuises. Il apercoit une chance de salut, il va
essayer. On peut encore etre sauve si quelqu'un a assez de courage pour
se rendre jusqu'au fort et en ramener des munitions.
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